Après une réduction remarquable des émissions de gaz à effet de serre en 2023, la France a enregistré en 2024 un repli limité de 1,8 %, atteignant 366 millions de tonnes de dioxyde de carbone équivalent (Mt CO2e). Le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), chargé par l’État français d’établir le suivi des émissions, a publié vendredi un bilan provisoire soulignant la difficulté croissante de décarboner certains secteurs économiques. Cette baisse représente environ 6,7 Mt CO2e en moins par rapport à l’année précédente, un niveau largement inférieur à la trajectoire moyenne de réduction de 15 Mt CO2e par an exigée jusqu’en 2030 pour atteindre les engagements européens.
Les secteurs les plus émissifs en stagnation
En 2023, les émissions françaises avaient chuté de 5,8 %, principalement grâce à la remise en service des centrales nucléaires et à la baisse de la consommation énergétique induite par la hausse des prix. Toutefois, cette dynamique s’est essoufflée en 2024, malgré une diminution de 11,6 % dans le secteur de l’industrie énergétique. Les transports terrestres, l’immobilier résidentiel et tertiaire ainsi que l’industrie lourde restent les principaux freins à une progression plus rapide. Ces secteurs continuent d’afficher une faible réduction de leurs émissions, voire une stagnation dans certains cas.
Révision stratégique et pression institutionnelle
La Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), actuellement en révision, vise une réduction à 270 Mt CO2e à l’horizon 2030. Selon le Citepa, les estimations actuelles pourraient s’avérer surestimées, faute de données consolidées sur les secteurs des déchets et de l’agriculture. Le Haut Conseil pour le climat, organe indépendant mis en place par le président Emmanuel Macron, rappelle que des efforts accrus sont indispensables pour respecter le cap fixé. À ce jour, la France a réduit de 31 % ses émissions brutes par rapport à 1990.
Remobilisation politique et incertitudes climatiques
Un Conseil de planification écologique se tiendra lundi sous la présidence d’Emmanuel Macron, avec la participation d’une quinzaine de ministres. L’objectif affiché est de renforcer les politiques publiques dans les secteurs à forte inertie, comme le bâtiment, les transports et la gestion forestière. Selon l’Élysée, plusieurs dispositifs existants pourraient être amplifiés pour répondre aux exigences européennes.
Les tendances observées en France s’inscrivent dans un contexte international similaire. L’Allemagne a vu ses émissions baisser de 3 % en 2024, tandis que le Royaume-Uni affiche un recul de 4 %. Les États-Unis stagnent à -0,2 %, et la Chine continue d’augmenter ses rejets, malgré une forte croissance de ses capacités renouvelables.