Kurdistan : Élections critiques face au blocage des exportations de brut

La région autonome du Kurdistan irakien organise des élections marquées par des divergences sur les politiques pétrolières, tandis que les relations avec Bagdad restent tendues et la canalisation vers la Turquie demeure fermée.

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L’Irak du Kurdistan, région semi-autonome, tient ses élections parlementaires le 20 octobre, avec au cœur des débats les politiques liées au pétrole et au gaz. Ces élections surviennent alors qu’une canalisation essentielle pour l’exportation de brut vers la Turquie reste bloquée, exacerbant les tensions entre les deux principales factions politiques.

Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui détient les bureaux du président et du Premier ministre, contrôle les gouvernorats riches en pétrole d’Erbil et de Dohuk. En revanche, l’Union patriotique du Kurdistan (PUK), qui occupe le siège du président de la chambre des députés et du vice-Premier ministre, gouverne le gouvernorat de Sulaymaniyah, incluant la majorité des champs gaziers de la région, tels que Khor Mor, exploité par la société Dana Gas basée aux Émirats Arabes Unis.

Blocage de la canalisation

Le PDK cherche activement à rouvrir la canalisation irako-turque, qui transportait environ 400 000 barils par jour de brut kurde moyen acide avant sa fermeture en mars 2023. Cependant, des différends politiques et financiers entre le gouvernement fédéral irakien et le Gouvernement régional du Kurdistan (GRC), ainsi que les compagnies pétrolières opérant dans la région, ont empêché la reprise des exportations.

La PUK a soutenu que les exportations de brut n’ont profité qu’au PDK, sans réponse de ce dernier face à ces allégations. Les partis d’opposition, tels que le Mouvement Nouvelle Génération et le Mouvement de la Position Nationale, accusent les deux partis au pouvoir de détournement de pétrole.

Production et exportation de gaz

En 2022, le Premier ministre du GRC, Masrour Barzani, vice-président du PDK, avait suggéré que la région pourrait exporter du gaz en alternative aux approvisionnements russes, proposition rejetée par la PUK. Selon les analystes, les résultats des élections pourraient compliquer la formation d’un nouveau gouvernement, aggravant ainsi les différends sur le pétrole et le gaz. L’actuel parlement est composé de 45 membres du PDK, 21 de la PUK et 45 répartis entre divers petits partis, groupes minoritaires ethniques et indépendants.

Shwan Zulal, directeur général de Carduchi Consulting spécialisé sur le Kurdistan, a déclaré à S&P Global Commodity Insights que les exportations de pétrole et la production de gaz ne devraient pas changer de manière significative à moins d’une surprise électorale majeure, ce qui est peu probable.

Impacts économiques et législatifs

L’économie kurde a subi un coup dur lorsque la Turquie a fermé la canalisation vers le port de Ceyhan après une décision d’arbitrage international jugeant que la commercialisation indépendante du brut de la région violait un accord bilatéral entre Ankara et Bagdad. Cette décision a annulé la loi pétrolière et gazière de 2007 du GRC, selon laquelle la région avait signé des accords de partage de production avec des compagnies pétrolières internationales.

Bagdad s’oppose depuis longtemps aux exportations autonomes de pétrole du Kurdistan, revendiquant la souveraineté sur la région et réduisant parfois la part budgétaire du GRC pour exercer une pression financière. Le gouvernement fédéral a invoqué une décision de la Cour suprême irakienne de 2022 déclarant inconstitutionnelle la loi pétrolière et gazière du GRC et ordonnant à la région de transférer le contrôle de son secteur énergétique à Bagdad.

Défis sécuritaires et futurs

Mohammed Salih, chercheur principal à l’Institut de Recherche sur la Politique Étrangère basé à Philadelphie, estime que le processus de formation du gouvernement après les élections sera probablement long et tumultueux, impactant négativement les discussions pétrolières entre le GRC et Bagdad. La composition du prochain parlement kurde pourrait également influencer la trajectoire des négociations en fonction de la force du PDK et de ses rivaux.

De plus, la sécurité pourrait être affectée en fonction des réactions des partis kurdes aux résultats électoraux. Une détérioration de l’environnement sécuritaire pourrait freiner les investissements dans le secteur pétrolier et gazier du Kurdistan, surtout après le retrait des majors internationales. Le champ Khor Mor a été plusieurs fois attaqué ces dernières années, des groupes liés à l’Iran étant incriminés.

Mohammed Salih ajoute que les luttes politiques internes et une campagne électorale intense pourraient nuire à la gouvernance. « Le prochain gouvernement, s’il est formé, aura peu de leviers pour négocier de nouveaux accords pétroliers ou gaziers si le PDK et la PUK ne priorisent pas les intérêts collectifs au-dessus des politiques personnelles triviales, » a-t-il déclaré.

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