Les nouvelles orientations énergétiques du Koweït témoignent d’une volonté affirmée d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette ambition est portée par la Kuwait Petroleum Corporation (KPC), entreprise d’État, qui mène une série d’initiatives axées sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le recours accru au gaz naturel liquéfié (GNL) et l’optimisation de ses installations pétrolières et gazières.
Avec l’importation de 6,57 millions de tonnes de GNL en 2024, le Koweït se positionne comme le plus grand importateur de GNL du Moyen-Orient. Cette augmentation répond à la demande croissante en électricité, particulièrement durant les mois estivaux où le pays utilise le GNL pour alimenter ses centrales électriques. À cet égard, le Koweït a renforcé ses approvisionnements en GNL en signant un accord avec QatarEnergy pour une livraison annuelle de trois millions de tonnes supplémentaires jusqu’en 2039. Ce partenariat devrait répondre aux besoins énergétiques croissants du pays et réduire sa dépendance aux carburants plus polluants.
Investissements pour une production énergétique plus verte
Le Koweït prévoit également d’importants investissements dans des projets énergétiques durables. Le ministère des Finances a ainsi accordé un contrat pour la construction d’une centrale à turbine à cycle combiné de 900 mégawatts, prévue pour 2025, afin de répondre à la demande énergétique nationale. Parallèlement, plusieurs projets de production de GNL, comme les phases Al-Zour North 2 et 3 et Al-Khairan IWPP, visent à ajouter une capacité combinée de 4,5 gigawatts, couvrant la demande des infrastructures en GNL sur le long terme.
Afin de diversifier ses sources d’énergie, la KPC a entamé une étude de faisabilité sur l’utilisation des énergies renouvelables, avec pour objectif de développer une capacité de 17 GW d’ici 2050. Actuellement, ces projets en sont à une échelle modeste, principalement sous forme de panneaux solaires dans des installations de parkings et des bâtiments publics.
Réduction des émissions grâce à l’optimisation du raffinage et du recyclage
Le Koweït a également redéfini le rôle de sa raffinerie Al-Zour, une des plus grandes du pays, en l’orientant vers des productions moins émettrices. L’unité de raffinage sera désormais intégrée à un complexe pétrochimique capable de produire annuellement 2,76 millions de tonnes d’aromatiques et de propylène, ainsi qu’1,7 million de tonnes de carburants écologiques. Cette stratégie permet au Koweït de maximiser la valeur économique tout en adoptant des procédés moins polluants.
Pour renforcer sa stratégie de développement durable, la KPC prévoit également une production annuelle d’un million de tonnes d’hydrogène vert et l’installation de 18 000 bornes de recharge pour véhicules électriques dans et hors du pays d’ici 2050. Le pays aspire à se positionner parmi les leaders régionaux en matière de recyclage avec une capacité prévue de 120 000 tonnes de plastiques par an à horizon 2050.
Efforts accrus pour éliminer le torchage de gaz
La gestion du torchage de gaz est au cœur des efforts de réduction des émissions de la KPC. Depuis 2020, le pays a abaissé son taux de torchage à moins de 1 %, contre 17 % en 2005. Cet engagement s’étend également aux zones de production partagées, notamment avec l’Arabie Saoudite dans la zone neutre. La Kuwait Gulf Oil Company (KGOC), en charge de cette zone, vise un torchage à 1 % dans un avenir proche.
Le Koweït souhaite éradiquer totalement le torchage systématique de ses installations d’ici 2030 pour les actifs domestiques et 2040 pour l’ensemble de ses filiales. En parallèle, la société publique Kuwait National Petroleum Corporation (KNPC) adopte des technologies de réduction des émissions, comme la récupération de la chaleur, afin d’améliorer l’efficacité de ses opérations de raffinage et de liquéfaction de gaz.
L’abandon progressif du torchage de gaz et la transition vers des carburants plus écologiques font du Koweït un modèle en matière de transition énergétique au Moyen-Orient. L’ambition de la KPC de maintenir des capacités de production de pétrole à faible intensité carbone s’inscrit dans une stratégie plus large, qui pourrait transformer le rôle de ce pays producteur dans le paysage énergétique mondial.