Eni est en discussions exclusives avec KKR pour la vente d’une part minoritaire de son unité de biocarburants, Enilive. L’accord pourrait valoriser Enilive entre 11,5 et 12,5 milliards d’euros, y compris la dette. Cette transaction s’inscrit dans la stratégie d’Eni de rendre ses unités spécifiques financièrement indépendantes, en se concentrant sur des activités distinctes. Ces dernières années, KKR multiplie les rachats, à l’image de la société First Gen ou du rachat d’encavas pour 2,8 milliards d’euros.
Les biocarburants, issus d’huiles végétales, de graisses et d’huiles de cuisson usagées, sont essentiels pour décarboner les secteurs du transport. Toutefois, la perception du marché envers ces carburants s’est récemment dégradée en raison de marges bénéficiaires réduites et d’inquiétudes sur le soutien réglementaire. Malgré cela, l’intérêt des investisseurs pour Enilive demeure fort, grâce à son modèle d’affaires intégré.
Un modèle d’affaires diversifié
Enilive exploite plusieurs bioraffineries en Italie et à l’étranger, utilisant des matières premières provenant de l’agriculture africaine du groupe. Outre les biocarburants, Enilive produit du biométhane et offre des services de mobilité intelligente. Son réseau de plus de 5 000 stations multi-carburants en Europe renforce l’attrait de l’entreprise pour les investisseurs.
Eni a indiqué que d’autres investisseurs financiers institutionnels manifestent un fort intérêt, ce qui pourrait mener à une vente supplémentaire de 10 % de participation dans Enilive. Les analystes estiment qu’Eni pourrait lever plus de 4 milliards d’euros en vendant jusqu’à 35 % d’Enilive, soutenant ainsi la transition énergétique du groupe.
Perspectives financières
Pour l’année 2024, Enilive prévoit des bénéfices de base d’environ 1 milliard d’euros, principalement issus de ses stations de carburants. Cette rentabilité et la diversification de ses activités rendent Enilive particulièrement attractive pour des investisseurs comme KKR. Eni, en mars, avait déjà annoncé son intention de vendre des actifs pour lever 8 milliards d’euros d’ici 2027, afin de maintenir la dette sous contrôle et financer sa transition énergétique.
Eni est assistée par JPMorgan et Mediobanca dans la vente de cette participation. KKR n’est pas le seul acheteur potentiel, mais la période d’exclusivité se termine en septembre, moment où un accord préliminaire pourrait être signé. La transaction complète pourrait être finalisée d’ici la fin de l’année.
L’accord potentiel avec KKR marque une étape stratégique pour Eni, mettant en lumière l’intérêt soutenu pour les énergies renouvelables malgré les défis du marché. Cette transaction permettrait à Eni de renforcer sa position financière et de soutenir ses ambitions en matière de transition énergétique.