Keystone XL, le projet d’oléoduc entre le Canada et les États-Unis, est abandonné. L’opérateur TC Energy l’a officiellement annoncé. Il y a cinq mois, le président américain Joe Biden avait décidé de bloquer ce projet controversé.
Keystone XL : un projet controversé aux États-Unis
Le projet de Keystone XL est très controversé depuis son lancement en 2008. Il s’agit d’un oléoduc devant permettre d’acheminer plus de 800.000 barils de pétrole par jour de l’Alberta au Canada jusqu’aux raffineries américaines du golfe du Mexique.
Dès le lancement du projet Keystone XL en 2008, Barack Obama se montre hostile et l’annule. En effet, le projet est jugé extrêmement polluant et non nécessaire. Depuis 2008, des opposants militent en continu : écologistes, tribus amérindiennes et certains propriétaires de terrains.
Puis, Donald Trump avait relancé le projet Keystone XL en 2017, invoquant des justifications économiques. Mais l’ancien président faisait face à des défis juridiques qui entravaient la construction.
Biden rectifie le tir pour la cause environnementale
C’est maintenant Joe Biden qui annule le projet pour la seconde fois, dans le cadre de son plan de lutte contre le réchauffement climatique. Sans surprise, car cette décision faisait partie des promesses de campagne du président américain.
« C’est un moment historique dans la lutte contre la crise climatique », se réjouit Jared Margolis, avocat principal au Centre pour la diversité biologique. « Nous espérons que l’administration Biden continuera de faire évoluer le pays dans la bonne direction en s’opposant aux projets de combustibles fossiles ».
Le Canada perd $1,3 milliard suite à l’abandon du projet
Les conséquences de l’annulation sont lourdes du côté du Canada, pour les pouvoirs publics comme pour les sociétés privées. Le gouvernement de l’Alberta fait tout pour récupérer son investissement. Pour cause, la province estime que l’abandon du projet devrait lui coûter 1,3 milliard de dollars canadiens, soit 881 millions d’euros.
Justin Trudeau, premier ministre Canadien, annonce également sa déception. Il s’était engagé à mener à bien le projet Keystone XL. Au départ, l’enjeu était d’acheminer le pétrole du Canada vers d’autres marchés, afin d’en tirer le meilleur prix.
La portion sud de l’oléoduc entre le Texas et le Nebraska est terminée. En outre, l’opérateur canadien TC Energy, basé à Calgary dans l’Ouest Canadien, devait terminer la portion nord entre le Nebraska et la frontière canadienne.
TC Energy estimait les coûts de production de la portion nord à 9,1 milliards de dollars américains, soit 7,5 milliards d’euros. Suite à l’annulation du projet Keystone, l’opérateur annonce prévoir « le licenciement de milliers de travailleurs syndiqués ». En conséquence, le cours des actions de TC Energy s’est effondré à la bourse de Toronto.
L’économie canadienne qui repose sur le pétrole
Le Canada possède les troisièmes plus importantes réserves de pétrole prouvées au monde. Elles se trouvent principalement dans les sables bitumeux des provinces de l’Ouest Canadien. Par ailleurs, l’Alberta concentre l’essentiel des réserves de pétrole du pays, principal produit d’exportation du Canada.
Les provinces canadiennes riches en pétrole, comme l’Alberta ou la Saskatchewan, vont souffrir de l’annulation de Keystone XL. Si bien que l’abandon du projet fragilise leurs économies, déjà touchées par la chute des cours du pétrole.
Des conflits énergétiques entre Ottawa et Washington
L’abandon de Keystone XL n’est pas le seul conflit énergétique entre le Canada et les États-Unis. De même, la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer somme l’opérateur canadien Enbridge de fermer un oléoduc transfrontalier. Elle invoque des raisons environnementales.
Cet oléoduc transfrontalier transporte 540.000 barils de pétrole et de gaz naturel par jour de l’Ouest canadien vers l’Ontario, le Québec et plusieurs États américains. Ainsi, Ottawa annonce avoir saisi la justice américaine pour bloquer la décision du Michigan. Justin Trudeau qualifie la situation de « préoccupante ».
Les conflits énergétiques entre le Canada et les États-Unis prennent des proportions inquiétantes. Désormais, il s’agit de trouver de nouveaux terrains d’entente pour les autorités états-uniennes et canadiennes.