L’État de Californie a approuvé seulement trois nouveaux permis de forage pétrolier au premier trimestre 2025, selon une analyse conjointe de Consumer Watchdog et FracTracker Alliance publiée le 8 mai. Ce chiffre, bien qu’en hausse par rapport à zéro permis délivré sur la même période en 2024, reste en baisse de 99.6 % par rapport aux niveaux de 2019. Cette chute drastique résulte de la politique californienne visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à renforcer la protection sanitaire dans les zones résidentielles.
Kern County prépare un retour massif des permis
Malgré cette dynamique, le comté de Kern, principal centre de production pétrolière de Californie, s’apprête à remettre en circulation des milliers de permis en s’appuyant sur un rapport environnemental unique. Cette approche, déjà invalidée par la Cour d’appel de Californie en 2020 et 2024 pour insuffisance d’analyse sur la qualité de l’air, le bruit, les impacts sur l’eau et les terres agricoles, sera soumise à l’examen de la Commission d’urbanisme du comté en juin, puis aux superviseurs du comté en été.
L’État de Californie a progressivement réduit les approbations systématiques de nouveaux puits ces deux dernières années. Mais selon Kyle Ferrar, directeur régional ouest de FracTracker Alliance, « même si le comté avance, l’État ne doit pas valider les permis sans une évaluation conforme au California Environmental Quality Act (CEQA) ».
Les pipelines de CO₂ sous les projecteurs législatifs
En parallèle, deux projets de loi en cours d’examen au Parlement californien, CA AB 881 et CA SB 614, visent à lever le moratoire sur les pipelines de dioxyde de carbone. Ces infrastructures sont essentielles aux projets de capture et stockage du carbone (CCS), lesquels consistent à aspirer le CO₂ industriel pour l’enfouir dans le sous-sol. Ces technologies sont soutenues par plusieurs groupes industriels, bien qu’elles fassent l’objet de critiques concernant leur sécurité et efficacité.
Liza Tucker, analyste chez Consumer Watchdog, a rappelé qu’une rupture de pipeline en 2021 au Mississippi avait provoqué l’hospitalisation de dizaines de personnes. Elle a affirmé que « ces technologies non éprouvées augmentent les émissions, la pollution et les coûts énergétiques ». Elle appelle à maintenir le moratoire jusqu’à ce que des normes de sécurité fédérales soient révisées et que l’État établisse ses propres critères adaptés à sa géographie.
Les dépenses de lobbying en hausse
Les entreprises Chevron, California Resources Corp (CRC) et l’association Western States Petroleum Association (WSPA) soutiennent activement les propositions législatives sur les pipelines, selon les documents transmis au bureau du secrétaire d’État. Chevron a ainsi investi 3.7 mn USD en lobbying au premier trimestre, CRC 208 000 USD et WSPA 3.4 mn USD.
Depuis 2019, l’administration du gouverneur Gavin Newsom a approuvé 17 677 permis de forage ou de remise en état de puits. Si le volume d’approbation a chuté, les groupes de surveillance signalent que les émissions liées pourraient repartir à la hausse si le contournement réglementaire via Kern County ou les pipelines CO₂ est autorisé.
Les techniques de récupération améliorée en forte progression
En parallèle des nouveaux forages, les permis visant à réactiver ou retravailler des puits existants par des méthodes de récupération assistée, comme l’injection de vapeur, ont fortement progressé. Ces permis ont plus que triplé au premier trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024, atteignant 143 autorisations contre 32 l’année précédente.
Les permis globaux de remise en état sont passés de 99 à 197, marquant une hausse de 99 %, tandis que les autorisations d’abandon de puits sont en recul de 32 %, passant de 1 299 à 880. Ces chiffres traduisent une réorientation de l’activité vers des méthodes de récupération plus intensives, dans un cadre réglementaire encore en redéfinition.