Le Kazakhstan, dont l’économie repose largement sur le secteur pétrolier, fait face à des difficultés croissantes liées aux retards de plusieurs projets d’envergure. Ces retards affectent directement ses objectifs de production et compromettent le respect des quotas de l’OPEC+. En 2024, la production pétrolière nationale devrait atteindre environ 98,2 millions de tonnes (MMt), soit une hausse de seulement 4,94 % par rapport à l’année précédente, un rythme insuffisant pour compenser les pertes de l’année 2023.
La situation est aggravée par la maintenance programmée des sites de Tengiz et Kashagan, deux des plus grands gisements du pays. Ces interventions, nécessaires pour stabiliser la production, interviennent alors que le pays doit déjà ajuster sa production pour se conformer aux quotas OPEC+. La combinaison de ces facteurs pourrait ralentir la croissance économique nationale, alors que les revenus pétroliers représentent 50% des exportations totales et près de 30% des recettes fiscales.
Retards au champ de Tengiz
Le champ de Tengiz, l’un des principaux producteurs du pays, connaît un retard significatif dans son projet d’expansion, connu sous le nom de Future Growth Project (FGP). Initialement prévu pour 2024, le démarrage complet de ce projet est désormais repoussé à 2025, principalement en raison de perturbations liées à la pandémie de COVID-19 et de la complexité technique du développement. Le budget de l’opération, initialement estimé à 36,8 milliards de dollars, a déjà été revu à la hausse pour atteindre 47 milliards de dollars.
L’impact économique de ce retard est conséquent. Si le FGP avait respecté son calendrier initial, la production de Tengiz aurait permis une augmentation de la production nationale de 7,7 % par an, contre seulement 4,94 % prévus pour 2024. Les retards de Tengiz limitent également les capacités d’exportation du pays, sachant que ce champ alimente en grande partie le pipeline CPC, un axe majeur pour l’exportation de brut vers le terminal de Novorossiysk en Russie.
Potentiel inexploité du champ de Kashagan
Kashagan, autre champ stratégique pour le Kazakhstan, pourrait compenser les pertes de production de Tengiz. Actuellement, ce champ produit environ 20 MMt par an, mais des plans d’expansion sont en cours pour porter ce volume à 22 MMt d’ici 2026. Une partie de cette croissance repose sur la mise en service de nouvelles usines de traitement de gaz, construites en partenariat avec Qatar UCC Holdings. Ces installations permettront de traiter plus de gaz et, par conséquent, d’augmenter la production de brut.
Cependant, la réalisation de ces projets dépend largement de la résolution des différends financiers entre les partenaires du consortium opérant le champ et le gouvernement kazakh. Si les négociations échouent, cela pourrait retarder davantage les travaux et compromettre les prévisions de production à long terme.
Conséquences sur les exportations et l’économie
Les retards cumulés à Tengiz et Kashagan ont un impact direct sur les volumes exportés via le Caspian Pipeline Consortium (CPC). En 2023, le CPC a transporté 56,1 MMt de brut, soit 80,1% de la production totale du Kazakhstan. En l’absence d’une augmentation rapide de la production, le CPC pourrait ne pas atteindre sa pleine capacité, affectant ainsi les recettes d’exportation du pays.
L’OPEC+ surveille de près la capacité du Kazakhstan à respecter ses engagements. Le pays avait déjà dépassé ses quotas au premier semestre 2024, forçant une réduction de production dans les mois suivants. Cela complique davantage la planification des opérations et pourrait entraîner de nouvelles sanctions de la part de l’organisation si le pays continue de dépasser ses seuils.
Perspectives de croissance pour 2025
La situation reste incertaine pour 2025. Les prévisions actuelles reposent sur la finalisation des projets de Tengiz et l’expansion de Kashagan. Toutefois, des incertitudes techniques et des différends financiers pourraient encore repousser ces échéances. Si le Kazakhstan parvient à surmonter ces défis, sa production pourrait retrouver un niveau de croissance stable, renforçant ainsi sa position sur le marché mondial du pétrole.