L’autorité portuaire publique Deendayal accélère les plans de développement du port de Kandla afin d’en faire une plateforme stratégique pour le soutage de méthanol renouvelable, sur l’axe maritime reliant Singapour à Rotterdam. Ce corridor, déjà fortement emprunté par le commerce international, devrait accueillir environ 200 navires compatibles au méthanol dans les prochaines années, selon les projections de l’autorité.
Infrastructure existante et capacité immédiate
Kandla traite déjà le méthanol comme une cargaison conventionnelle, ce qui permet une reconversion rapide vers le soutage maritime. Le président de l’autorité, Sushil Kumar Singh, a précisé que le site dispose de réservoirs, de pipelines et des infrastructures réglementaires nécessaires pour démarrer des essais sous conditions contrôlées. Une évaluation menée par la société de classification DNV a attribué au port une note comprise entre six et sept sur l’échelle de préparation de l’Association internationale des ports et havres.
L’autorité prévoit de mettre en place une installation de production d’eMethanol de 150 000 tonnes par an, à partir d’hydrogène issu de l’électrolyse. Singh a indiqué que plusieurs industriels ont manifesté un intérêt conditionné à la sécurisation d’accords de rachat. Cette capacité serait suffisante pour répondre à la demande sur une période initiale de cinq à six ans.
Offre tarifaire compétitive et mécanisme de subvention
Face à la pression tarifaire des places fortes du soutage que sont Singapour et Rotterdam, Kandla entend adopter une stratégie de subvention croisée. Les éventuels surcoûts de production locale par rapport aux prix internationaux seraient absorbés via une majoration des frais de manutention d’autres marchandises transitant par le port. L’objectif est de proposer un tarif de soutage en méthanol renouvelable aligné sur les standards internationaux afin de capter du trafic maritime.
L’autorité portuaire a signé un protocole d’accord avec le port de Rotterdam pour le développement d’infrastructures coordonnées en soutien à un corridor maritime vert entre les deux ports. Singh a ajouté que les navires susceptibles de se ravitailler en méthanol à Kandla contribueraient également à la diversification des flux logistiques en y chargeant d’autres types de cargaisons.
Extension vers l’ammoniac et sécurisation de l’énergie
En complément du méthanol, le port prévoit de produire jusqu’à 5,6 millions de tonnes d’ammoniac renouvelable par an d’ici 2031, en utilisant un volume estimé à 1 million de tonnes d’hydrogène électrolytique. Cette double offre vise les futures flottes dual-fuel, capables d’utiliser du carburant traditionnel à très faible teneur en soufre ou des carburants alternatifs.
L’infrastructure envisagée inclut une usine de dessalement de 300 millions de litres par jour pour alimenter le processus d’électrolyse, ainsi qu’un accès sécurisé à l’électricité renouvelable. Une capacité de 4,5 GW a déjà été approuvée, tandis que l’autorité prévoit un besoin total de 12 GW pour soutenir la production complète d’ammoniac. Singh a précisé que les autorisations nécessaires sont en cours de finalisation.