Kaduna Electric, société de distribution d’électricité basée dans le nord du Nigeria, a annoncé le 23 mai la signature d’un protocole d’accord avec J-Marine Logistics Limited et ASI Engineering Limited pour développer une centrale solaire de 100 mégawatts (MW) avec un système de stockage d’énergie par batteries. Le projet vise à fournir une alimentation plus stable dans les États de Kaduna, Sokoto, Zamfara et Kebbi.
Selon le communiqué publié, la répartition de la capacité sera de 60 MW pour Kaduna, 20 MW pour Sokoto, et 10 MW chacun pour Zamfara et Kebbi. Ce projet, qui inclut un système de stockage par batteries (Battery Energy Storage System – BESS), permettra de garantir la continuité de l’approvisionnement en dehors des heures de production solaire.
Un déficit énergétique structurel
Le Nigeria compte plus de 86 millions de personnes non connectées au réseau national, selon les dernières estimations gouvernementales. Il s’agit du plus haut niveau mondial en nombre absolu. Le Pacte national pour l’énergie, appuyé par la Banque mondiale dans le cadre de l’initiative Mission300, fixe comme objectif l’accès universel à l’électricité d’ici 2030, tout en augmentant la part des énergies renouvelables dans le mix électrique de 22 % à 50 %.
Dans ce contexte, le projet de Kaduna Electric s’inscrit dans une logique de décentralisation du réseau et de diversification des sources de production. Le directeur général de Kaduna Electric, Umar Abubakar Hashidu, a déclaré que l’initiative permettra de « stabiliser l’alimentation en électricité et soutenir l’activité économique » dans les zones concernées.
Développement industriel associé
Le projet pourrait s’accompagner d’un investissement industriel complémentaire. J-Marine Logistics Limited a indiqué évaluer la construction d’une usine de production de panneaux solaires dans l’État de Kaduna. Cette unité aurait une capacité annuelle comprise entre 200 et 500 MW, selon les premiers éléments communiqués.
Une telle infrastructure permettrait de soutenir la chaîne d’approvisionnement locale pour les futures installations solaires, tout en réduisant la dépendance aux importations de modules photovoltaïques. Elle renforcerait également la structuration d’un écosystème énergétique régional, appuyé par des capacités industrielles locales.
Un modèle énergétique décentralisé en progression
Face aux limites du réseau électrique national et à la prolifération des groupes électrogènes, les autorités nigérianes misent de plus en plus sur les solutions énergétiques régionales. Selon les données disponibles, la puissance installée des générateurs privés au Nigeria est estimée à un niveau dix fois supérieur à celle du réseau public.
La mise en œuvre de projets intégrant le solaire et le stockage dans des zones éloignées du réseau centralisé représente ainsi une réponse concrète aux contraintes actuelles. Ce type d’initiative pourrait également réduire les coûts opérationnels liés à l’usage intensif de carburants fossiles pour la production autonome d’électricité.