Entre menaces de délocalisation de l’industrie lourde et opportunités pour la transition énergétique, l’Union Européenne doit définir un cadre de développement pour l’hydrogène et la fabrication de batteries.
Pendant ce temps-là, la Chine augmente ses prévisions de consommation de pétrole à horizon 2030, tout en réduisant ses importations pour 2022. De son côté, la France propose un nouveau parc éolien dans les eaux de la Manche.
L’industrie européenne n’assume plus les prix « insupportablement élevés » de l’énergie.
L’INDUSTRIE MENACE L’EUROPE DE DÉLOCALISATION
Dans l’Union Européenne (UE), les prix du gaz et de l’électricité n’ont jamais atteint de tels sommets. L’Europe de l’industrie s’enlise dans la crise à l’heure où les secteurs les plus énergivores arrêtent ou réduisent leur production et menacent de délocalisation.
En réponse, les représentants de l’industrie demandent des mesures d’urgences de l’Europe appelée à maîtriser les prix de l’énergie.
Ce qu’il faut retenir :
Bruxelles (CE) doit donc réagir en agissant directement sur les taxes à la production, sur les subventions aux consommateurs ou sur la façon dont elle fixe les prix de l’électricité.
En parallèle, cette situation de crise est aussi l’occasion d’accélérer le déploiement des énergies de transition. À terme, cela permettrait de renforcer l’indépendance de l’industrie européenne. Elle serait ainsi moins soumise aux importations et à la volatilité des prix.
2022 s’annonce comme un tournant hydrogénique.
LE PDG D’ITM POWER PRÉDIT UNE ANNÉE CHARNIÈRE POUR L’HYDROGÈNE
La crise énergétique offre donc une opportunité unique d’infléchir les politiques publiques à l’heure où l’Europe de 2022 se tourne vers l’hydrogène.
Ce sera en tout cas une « année très importante » prédit Graham Cooley, PDG d’ITM Power avec pas moins de 65.000 t/an de capacité de production d’hydrogène mises en service durant l’année.
En ce sens, l’Allemagne investit $1 milliard dans l’hydrogène vert, tandis que le Portugal va accueillir 8 sites d’hydrogène vert. Les analystes projettent une production 15 fois supérieure dès 2024.
Ce qu’il faut retenir :
L’UE est appelée à fournir en 2022 un cadre d’investissement et de développement plus incitatif.
En revanche, les producteurs demandent une période transitoire avant de passer à 100% d’hydrogène renouvelable. Il est en effet nécessaire de prendre en compte le temps de développement des capacités en énergies renouvelables.
Actuellement, l’Union prévoit de réglementer les prix, les normes de qualité et l’accès aux infrastructures. Sur ce dernier point, 90 distributeurs de gaz déclarent que 96% des canalisations gazières sont d’ores et déjà prêtes à transporter de l’hydrogène.
L’Union Européenne se positionne sur les batteries.
L’EUROPE FUTURE LEADER MONDIAL DE LA BATTERIE ?
Du côté du stockage énergétique, le continent disposerait de grandes capacités de développement. L’industrie européenne des batteries en mutation pourrait ainsi devenir la 2ème plus puissante au monde derrière la Chine. Le vieux continent représenterait alors 27% des capacités mondiales de fabrication de batteries.
Pour répondre à une demande qui devrait être multipliée par 11 d’ici à 2040, l’Europe peut compter sur les nombreux projets en cours et en exploitation de stockage.
Northvolt démarre la 1ère giga-usine européenne cette semaine en Suède. Objectif : 16 GWh d’ici à 2023.
En revanche, l’Union doit encore augmenter ses approvisionnements en lithium.
Ce qu’il faut retenir :
Pour l’instant, l’UE importe encore 75% des ressources nécessaires à la fabrication de batteries, en grande majorité de Chine. Or, cette forte dépendance aux marchés extérieurs expose le continent à la volatilité de l’offre et des prix.
L’Europe 2ème industrie mondiale de la batterie ne sera possible qu’à travers la maîtrise totale des chaînes de production. Le marché pourra ainsi dépasser les €570 milliards en 2030, puis €1700 milliards en 2040.
La Chine infléchit les marchés du pétrole.
PÉKIN REVOIT SA CONSOMMATION DE PÉTROLE
Selon la China National Petroleum Corporation, la Chine attend son pic de demande de pétrole pour 2030. Mais le pays revoit à la hausse ses prévisions de consommation pétrolière à cette date. Elles passent ainsi de 730 millions de tonnes sur l’année, à plus de 780 millions de tonnes.
En parallèle, Pékin bouscule les marchés pétroliers puisque la Chine réduit ses importations de pétrole pour 2022. Les quotas d’importation sont ainsi en baisse de 11% par rapport à 2021. Or, rien qu’au moins de décembre 2021, le pays a importé plus de 52 millions de barils, soit 1,8 million par jour.
Ce qu’il faut retenir :
La décision du 1er importateur mondial de pétrole bouscule les marchés. Dans la foulée de l’annonce, les contrats à terme sur le Brent perdaient 0,7%. Les contrats sur le WTI, quant à eux, perdaient 0,8%.
En outre, celle nouvelle signifie que la Chine devrait puiser davantage dans ses réserves stratégiques de pétrole. Dans la mesure où sa consommation de pétrole ne devrait pas ralentir.
Face à cette décision, l’OPEP+ doit maintenant s’interroger sur le maintien ou non de sa politique actuelle d’augmentation de sa production pétrolière pour 2022. Au risque de surabonder les marchés mondiaux. Elle se réunit en ce sens le 4 janvier 2021 prochain.
La France prépare un nouveau parc éolien offshore dans la Manche.
CONSULTATION PUBLIQUE POUR UN NOUVEAU PARC AU LARGE DES CÔTES NORMANDES
Le gouvernement français annonce qu’il lancera la consultation publique pour le 2ème parc éolien offshore au large des côtes normandes dans la zone « Centre Manche » le 3 janvier 2022.
Sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), la consultation se déroule en deux étapes. Une première du 3 janvier au 7 mars 2022. Une seconde du 25 avril au 16 mai 2022.
Le gouvernement donnera une conférence de presse sur ce sujet le 4 janvier 2022, en présence de la directrice de l’Énergie au ministère de la Transition Écologique. Seront également présents les préfets de Normandie, de Seine-Maritime et de la Manche. Seront aussi présents deux représentants de l’armée : le vice-amiral d’escadre et le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Ce qu’il faut retenir :
Le ministère de la Transition écologique souhaite ainsi interroger l’opinion publique sur la possibilité d’installer ce parc de 1,5 GW au large des côtes du Calvados, à proximité de Courseulles-sur-Mer, là où un autre parc est déjà prévu.