L’Italie est sur le point de revoir sa position sur le nucléaire. Le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni envisage de lever l’interdiction en vigueur depuis les référendums de 1987 et 2011. Pour ce faire, Rome se tourne vers des partenaires internationaux spécialisés, à savoir le groupe américain Westinghouse et le français EDF, pour former une nouvelle société d’État dédiée aux réacteurs nucléaires avancés.
Des partenaires stratégiques pour un retour du nucléaire
EDF, déjà présent sur le marché italien via sa filiale Edison, a confirmé son intérêt pour ce projet, notamment en matière de réacteurs modulaires de petite taille (SMR – Small Modular Reactors). Le groupe français collabore déjà avec des acteurs locaux tels qu’Ansaldo Nucleare et Federacciai pour évaluer les opportunités de déploiement de SMR afin de décarboner des secteurs industriels critiques. Westinghouse, de son côté, apporte son expertise reconnue en matière de réacteurs nucléaires, ce qui en fait un candidat de choix pour soutenir la stratégie nucléaire italienne.
Les enjeux énergétiques et géopolitiques de l’Italie
Actuellement, l’Italie dépend fortement des importations pour combler ses besoins énergétiques, avec une part d’importation de 15 à 20 % de sa consommation totale. Le gouvernement italien cherche à diversifier ses sources d’énergie pour renforcer sa sécurité énergétique, tout en alignant ses efforts avec les objectifs européens de décarbonation. La création de cette nouvelle société d’État pourrait non seulement relancer l’industrie nucléaire italienne, mais aussi établir une chaîne d’approvisionnement locale pour les technologies nucléaires avancées.
Le contexte réglementaire : vers un assouplissement
L’Italie prévoit de définir, d’ici la fin de 2024, un cadre réglementaire pour autoriser l’utilisation de technologies nucléaires de nouvelle génération. Le ministre de la Transition Écologique, Gilberto Pichetto Fratin, a souligné que ces réformes étaient essentielles pour répondre à la demande énergétique croissante et réduire les émissions de carbone du pays. Bien que le cadre actuel interdise encore l’exploitation de centrales nucléaires, des discussions sont en cours pour lever ce blocage.
Un passé nucléaire complexe mais une expertise intacte
Malgré l’interdiction, l’Italie a continué de développer ses compétences nucléaires grâce à ses entreprises de référence. Enel, le principal fournisseur d’électricité contrôlé par l’État, exploite des centrales nucléaires en Espagne. En parallèle, Eni, autre acteur énergétique majeur, est impliqué dans des projets de recherche sur la fusion nucléaire. Cette expertise positionne l’Italie comme un candidat potentiel pour intégrer rapidement les nouvelles technologies si le cadre réglementaire venait à évoluer.
Les ambitions d’Edison et le rôle des industriels italiens
Edison, la filiale italienne d’EDF, a exprimé son souhait de faire partie de ce projet ambitieux. Nicola Monti, PDG d’Edison, a déclaré que la société souhaitait rejoindre cette nouvelle entreprise pour soutenir le retour du nucléaire en Italie. Edison est déjà en pourparlers avec Ansaldo Nucleare et d’autres acteurs locaux pour établir des alliances stratégiques. Ces partenariats se concentrent sur le développement de réacteurs de troisième génération pour alimenter des secteurs industriels difficiles à décarboner, comme l’industrie sidérurgique.
Perspectives pour le secteur énergétique italien
Si ce projet aboutit, l’Italie pourrait devenir un acteur clé dans le développement et l’exportation de technologies nucléaires avancées en Europe. La position géographique du pays, associée à ses capacités industrielles, pourrait permettre de créer une base régionale pour la production et le déploiement de SMR et d’autres solutions innovantes. Le projet de réacteur de fusion nucléaire dans lequel Eni est impliqué pourrait également bénéficier d’un soutien accru si le cadre réglementaire venait à évoluer.