L’entreprise italienne de stockage d’énergie NHOA est actuellement sous le feu des projecteurs gouvernementaux après que son principal actionnaire, Taiwan Cement Corp (TCC), ait annoncé une offre de rachat visant à retirer la société de la Bourse de Paris. Cette initiative a été révélée par deux sources proches du dossier.
La législation italienne dite des « pouvoirs dorés » permet au gouvernement de bloquer ou d’imposer des conditions sur les investissements étrangers et nationaux dans des secteurs stratégiques comme l’énergie, les télécommunications et la banque. Le bureau de la Première ministre Giorgia Meloni souhaite vérifier si TCC prévoit une réorganisation de la direction de NHOA ou le déplacement de ses activités stratégiques à l’étranger une fois la société retirée de la Bourse française.
Contexte et préoccupations gouvernementales
Cette vigilance s’inscrit dans un contexte où la souveraineté et l’indépendance énergétique sont devenues des enjeux cruciaux pour l’Italie. Le pays a par ailleurs reçu une subvention de 38 milliards de dollars pour accélérer sa production d’électricité renouvelable. Les sources indiquent que l’administration Meloni veut s’assurer que NHOA, positionnée à l’avant-garde du secteur du stockage de batteries et de l’innovation technologique en énergie durable, ne subira pas de modifications pouvant nuire aux intérêts stratégiques du pays.
NHOA, anciennement connue sous le nom d’Engie EPS, se distingue par ses partenariats et sa capacité d’innovation. Elle collabore notamment avec le constructeur automobile Stellantis à travers leur coentreprise Free2move eSolutions. Ces partenariats témoignent de l’importance de NHOA dans le paysage énergétique européen et justifient la vigilance des autorités italiennes.
Offre de rachat et implications futures
Le mois dernier, NHOA a annoncé avoir été informée de l’intention de TCC de déposer une offre publique simplifiée à un prix de 1,1 euro par action. TCC a déclaré que la propriété privée permettrait à NHOA de mettre en œuvre ses stratégies à long terme de manière plus efficace, sans les pressions du marché financier.
Cependant, cette annonce a suscité des inquiétudes quant à la possible délocalisation des activités stratégiques de NHOA. En 2021, lorsque TCC a pris le contrôle de NHOA avec l’accord des autorités italiennes, le gouvernement de l’époque, dirigé par Mario Draghi, avait stipulé que le groupe taïwanais devait informer le cabinet de tout projet de relocalisation ou de changement de gouvernance.
Réactions et perspectives du marché
Actuellement, les actions de NHOA sont stables à 1,08 euro, bien en dessous du record historique de 2,9 euros atteint en juillet 2023. Cette stagnation reflète les incertitudes entourant l’avenir de l’entreprise et les interrogations sur les intentions de TCC.
Alors que le gouvernement italien poursuit son examen, les acteurs du marché et les parties prenantes de l’industrie énergétique surveillent de près cette situation. Les résultats de cette surveillance pourraient avoir des répercussions significatives non seulement pour NHOA et ses employés, mais aussi pour le secteur du stockage d’énergie en Europe.
Les tensions autour du rachat de NHOA par TCC illustrent les défis liés à la protection des intérêts nationaux dans un contexte de mondialisation accrue. L’issue de cette affaire pourrait servir de précédent pour d’autres secteurs stratégiques confrontés à des acquisitions étrangères.