L’Iran poursuit l’enrichissement de son uranium à des niveaux proches de ceux nécessaires à la fabrication d’armes nucléaires, sans montrer de signe de coopération accrue avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les rapports confidentiels de l’AIEA, consultés par Reuters, montrent que malgré une résolution adoptée lors de la dernière réunion trimestrielle du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, les progrès diplomatiques restent au point mort. La récente élection du Président iranien, Masoud Pezeshkian, ainsi que l’élection présidentielle américaine prévue en novembre, contribuent à cette impasse.
Le Directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, espère que son premier échange avec le Président Pezeshkian pourra mener à une visite rapide en Iran et à l’établissement d’un dialogue constructif et fluide, menant à des résultats concrets. Cependant, aucun progrès significatif n’a été observé au cours du dernier trimestre sur plusieurs questions clés qui empoisonnent les relations entre l’agence et Téhéran.
Installation de nouvelles centrifugeuses et production accrue d’uranium
En parallèle, l’Iran continue d’augmenter sa capacité d’enrichissement d’uranium. Le pays a ajouté huit nouvelles cascades de centrifugeuses avancées IR-6 à son site d’enrichissement de Fordow, situé dans une montagne. Cela porte le nombre total de cascades IR-6 à Fordow à dix. Toutefois, ces nouvelles centrifugeuses n’ont pas encore été mises en service pour l’enrichissement de l’uranium hexafluorure (UF6).
Les stocks d’uranium de l’Iran sous forme d’UF6 enrichi jusqu’à 60% de pureté ont augmenté de 22,6 kg, atteignant 164,7 kg. Ce niveau est proche de l’enrichissement nécessaire pour produire des armes nucléaires, qui est d’environ 90%. Selon les critères de l’AIEA, ce stock est à seulement 2 kg de la quantité nécessaire, en théorie, pour fabriquer quatre bombes nucléaires. De plus, l’Iran possède également suffisamment d’uranium enrichi à 20% pour produire, si enrichi davantage, jusqu’à six bombes.
Des questions non résolues et des inspections limitées
L’un des points de blocage majeurs reste l’accès limité des inspecteurs de l’AIEA aux sites nucléaires en Iran. Téhéran continue de restreindre l’entrée des inspecteurs spécialisés dans l’enrichissement de l’uranium et n’a pas encore fourni d’explication satisfaisante concernant la présence de traces d’uranium sur des sites non déclarés. Ces questions non résolues aggravent la méfiance entre les deux parties et compliquent les négociations.
Le refus de l’Iran de coopérer pleinement avec l’AIEA s’inscrit dans un contexte plus large de tensions régionales et internationales, où les intérêts stratégiques et les préoccupations de sécurité nationale se heurtent. L’absence de dialogue efficace et de transparence sur les programmes nucléaires de l’Iran alimente les craintes d’une escalade potentielle.
Les rapports de l’AIEA indiquent que la situation actuelle pourrait rapidement évoluer, dépendant des développements politiques et des décisions stratégiques prises par l’Iran et ses interlocuteurs internationaux. Le besoin d’un dialogue constructif et de solutions concrètes reste crucial pour éviter une escalade des tensions et garantir la stabilité régionale.