L’Irak, détenteur de vastes ressources pétrolières et gazières, se fixe des objectifs de production très ambitieux. Le gouvernement projette de porter la production de gaz à 4,4 milliards de pieds cubes par jour (bcfd) et celle de pétrole à 5,5 millions de barils par jour (b/d) d’ici 2030. Ces cibles, bien que réalistes au regard des ressources disponibles, se heurtent à des obstacles significatifs, notamment des infrastructures limitées qui ne permettent pas actuellement de soutenir une telle augmentation de la production.
Les capacités actuelles des pipelines et des installations d’injection d’eau sont largement insuffisantes pour répondre aux ambitions énergétiques du pays. Cette situation impose des contraintes considérables sur les opérateurs, qui doivent composer avec un réseau d’exportation sous-dimensionné pour maximiser le potentiel de production. Les défis en matière d’infrastructures sont ainsi au cœur des préoccupations pour atteindre les objectifs fixés.
Contexte fiscal et intérêt des investisseurs asiatiques
Parallèlement aux limitations infrastructurelles, l’Irak doit faire face à un environnement fiscal peu attractif pour les investissements étrangers. Les termes rigoureux imposés par le gouvernement ont historiquement freiné l’exploration de nouveaux gisements, malgré l’existence de plus de 150 milliards de barils de ressources non exploitées. Depuis 2013, seules cinq forages exploratoires ont été réalisés en Irak, une situation qui illustre bien la frilosité des investisseurs face à des conditions peu avantageuses.
Néanmoins, les dernières rondes de licences en 2024 montrent un intérêt croissant de la part d’acteurs asiatiques, notamment chinois. Ces entreprises, attirées par des opportunités dans les champs déjà découverts, se positionnent de plus en plus comme des acteurs clés dans le paysage énergétique irakien. Ce glissement de l’Ouest vers l’Est dans l’origine des investisseurs témoigne d’une dynamique évolutive du secteur.
Opportunités gazières et transformations futures
Au-delà du pétrole, l’Irak cherche à exploiter son potentiel gazier en mettant l’accent sur la réduction du torchage et la diminution de sa dépendance aux importations énergétiques. Avec des réserves de gaz estimées à 100 trillions de pieds cubes (tcf), le pays dispose d’un levier significatif pour attirer des investissements. Les projets gaziers, dans certains cas plus attractifs que ceux pétroliers, commencent à capter l’attention des grandes entreprises énergétiques, redéfinissant ainsi les priorités d’investissement en Irak.
Ce recentrage sur le gaz, encouragé par des ressources abondantes et une volonté politique affirmée, pourrait entraîner une transformation majeure du secteur énergétique irakien. Les opportunités offertes par ce virage stratégique sont nombreuses, mais leur réalisation dépendra largement de la capacité du pays à réformer son cadre fiscal et à renforcer ses infrastructures, conditions essentielles pour maintenir l’intérêt des investisseurs et assurer une croissance durable.