En Irak, le Basrah se retrouve confronté à une forte concurrence dans le cycle commercial actuel. Il faut souligner que le marché pétrolier en Asie voit arriver des produits alternatifs à des prix plus intéressants. Cette conjoncture pourrait, à terme, impacter les exportations de brut irakiennes.
Le brut d’Irak perd en attractivité
Tout d’abord, le producteur de pétrole en Irak, SOMO, augmente les prix de vente officiels de juillet du Basrah Medium et du Basrah Heavy. Il s’agit d’une hausse de 50 cents/b pour les deux produits pétroliers. C’est une hausse modeste par rapport aux autres producteurs du Moyen-Orient. Ces derniers augmentent leur prix d’environ 1,80 à 2,75$ pour leur brut destiné à l’Asie. Les prix du brut irakien sont donc compétitifs.
Ensuite, la demande chinoise et indienne pour le Basrah est importante. De plus, la Corée du Sud achète régulièrement du Basrah Heavy d’Irak. Dès lors, comment expliquer les faiblesses supposées du pétrole irakien? Cela peut s’expliquer par le fait que le brut d’Irak se négocie un mois à l’avance tandis que les autres produits du Moyen-Orient s’échangent sur le marché au comptant pour un chargement deux mois à l’avance. Un négociant de Singapour explique cette particularité:
« La fenêtre de négociations du pétrole d’Irak est tardive. Seuls les acheteurs ayant une demande ferme peuvent acheter. »
Ainsi, les transactions sur le brut Basrah chargé en juillet ne se font pas entendre jusqu’à présent. Cependant, les spécialistes estiment que cela s’explique par l’offre de brut russe qui intéresse notamment la Chine et l’Inde. Les deux pays se détournant ainsi du brut irakien.
Enfin, les marges sont faibles pour les distillats de pétrole lourd. Ceci pourrait donc exercer une pression supplémentaire sur la demande de ce produit ce mois-ci. En particulier, le brut d’Irak a une teneur élevée en soufre en comparaison avec les autres produits pétroliers du Moyen-Orient. Cela explique pourquoi la Corée du Sud achète si peu de Basrah Heavy à l’Irak.
L’alternative du pétrole russe
Premièrement, l’Irak voit l’Oural prendre une place de plus en plus prégnante sur le marché asiatique. Malgré les sanctions prises par l’UE à l’encontre du brut russe, son prix réduit suscite un vif intérêt de l’Inde et de la Chine. Il s’évalue à 79, 515 $/b le 20 juin contre 119, 74 $/b pour le Brent. C’est le point de vue du négociant de Singapour, il commente:
« La plus grande concurrence est l’Oural, en particulier envers le Basrah Medium. »
Deuxièmement, les exportations de brut de la Russie entre le 1er et le 15 juin ont augmenté de 576.000 b/j par rapport aux niveaux avant le début de la guerre. Elles atteignent une moyenne d’environ 3,88 millions de b/j selon les données de Kpler. Ce flux est en hausse par rapport aux 3,81 millions de b/j de mai. Cela place les exportations maritimes de brut russe à leur plus haut niveau depuis mai 2019.
Troisièmement, l’alternative du brut russe se matérialise par le comportement de la Chine et de l’Inde. Les deux pays importent de plus en plus de brut russe: +30% pour la Chine et +20% pour l’Inde. Cela représente une croissance combinée de plus d’un million de barils par jour par rapport aux chiffres d’avant-guerre. Ainsi, le brut en provenance d’Irak se retrouve impacté par l’Oural, très attractif pour certains pays sur le plan financier.
L’émergence des produits pétroliers d’Amérique du Nord
En outre, les produits pétroliers en provenance d’Amérique du Nord concurrencent le brut d’Irak. Ils représentent une alternative intéressante pour les acheteurs mondiaux. Les prix de ces produits pétroliers ont chuté ces dernières semaines en raison de l’arrivée sur le marché américain de l’offre provenant de la SPR étasunienne.
Ainsi, les États-Unis veulent répondre à la demande intérieure du pays en injectant un volume record de 180 millions de barils de pétrole brut en provenance de la SPR. De facto, avec l’arrivée sur le marché de ce volume, les prix des bruts sont à la baisse.
Les conséquences pour le brut d’Irak sont explicitement claires. Comme il y aura plus de barils de la SPR jusqu’en octobre, cela ouvre la possibilité d’augmenter les exportations des produits pétroliers américains et canadiens. C’est ce qu’étudient actuellement des pays comme la Chine et l’Inde selon un négociant d’une raffinerie d’Asie du Nord.