Les pays occidentaux cherchent à se passer du pétrole russe. Ainsi, l’Irak réoriente les flux de brut de sa principale clientèle asiatique vers les raffineries européennes. Le pays pourrait bientôt être en mesure d’offrir davantage de volumes grâce à la modernisation d’un port de chargement. C’est ce que déclarent des responsables de la société publique de commercialisation SOMO.
L’Irak profite de la demande européenne
Il s’agit d’un léger changement de politique pour l’Irak. Ces dernières années, le pays avait réservé environ 70 % de son pétrole aux acheteurs asiatiques. De cette manière, l’Irak soutenait l’effort de donner la priorité aux ventes à son marché le plus lucratif.
Toutefois, des pays comme la Chine et l’Inde s’intéressent désormais particulièrement au pétrole russe. Ce dernier a vu son prix baisser à des niveaux historiques depuis l’invasion de l’Ukraine. Pendant ce temps, l’Europe, qui était le plus gros acheteur de brut russe, cherche des alternatives.
Un responsable, sous couvert d’anonymat, souligne à S&P Global Commodity Insights les similitudes de qualité entre le brut irakien et le brut phare de la Russie, l’Oural. Il estime également que c’est pour cette raison que les raffineries du Nord-Ouest de l’Europe s’intéressent davantage au brut irakien.
L’Europe se tourne vers l’Irak pour se passer du pétrole russe
L’Europe est particulièrement dépendante du pétrole russe et importait environ 2,7 millions de b/j de brut et 1,5 million de b/j de produits, principalement du diesel, avant l’invasion de l’Ukraine.
Cependant, l’UE a déclaré le 4 mai qu’elle prévoyait d’éliminer progressivement les importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année. Toutefois, certains raffineurs et négociants avaient déjà pris les devants et ont réduit les importations pétrolières russes en tout genre.
Ainsi, l’Irak acheminera probablement une plus grande partie de son pétrole brut vers l’Europe dans les mois à venir. De cette manière, les raffineurs compenseront le manque à gagner en Russie.
Les exportations actuelles de Basrah plafonnent à 3,27 millions de b/j en raison des dommages des infrastructures de chargement. Selon les responsables de SOMO, les volumes augmenteront dès juin grâce aux réparations d’un point d’amarrage unique dans le port de Bassora. Une fois terminées, les capacités d’exportations augmenteront de 100 000 b/j.
Un pétrole irakien possède une qualité intéressante pour l’Europe
Les négociants européens estiment que le pétrole irakien est devenu le brut de choix pour les raffineurs européens délaissant l’Oural. À l’inverse, le brut russe s’arrache sur les marchés asiatiques. Néanmoins, la demande chinoise n’est pas très forte et le Basrah va probablement profiter des sanctions sur le pétrole russe.
Les raffineries européennes sont souvent complexes et dépendent d’un régime de bruts tels que l’Oural russe, le Basrah moyen et le Basrah lourd d’Irak, le Forties britannique et l’Arab Light d’Arabie saoudite.
L’Oural russe est classé comme un grade acide moyen, avec une gravité spécifique d’environ 31-32 API et une teneur en soufre de 1,7 %. Sa qualité est donc très similaire à celle d’autres bruts moyennement acides tels que le Basrah Medium, l’Arab Medium et Heavy ou le Mero du Brésil.
Les négociants soulignent que les OSP pour le Basrah Medium et Heavy en Europe pour le mois de juin ont été réduits de 1,90 $/b d’un mois sur l’autre. Ils bénéficient d’un effet d’entraînement de la forte baisse de la valeur de l’Oural depuis l’invasion de l’Ukraine. De cette manière, le pétrole brut d’Irak est désormais plus attractif.
Le 11 mai, selon l’évaluation Platts de S&P Global, l’Oural de qualité moyennement acide a été évalué à son niveau le plus bas jamais atteint par rapport au Brent daté, à moins 35 $/b CIF Rotterdam. Le prix de l’Oural russe CIF Rotterdam a été en moyenne de 78,92 $/b depuis le 24 février. En comparaison, le prix moyen du pétrole irakien de Basrah s’est établi à 107,01 $/b.
Les exportations de pétrole brut de l’Irak vers l’Europe ont atteint en moyenne 528 000 b/j jusqu’à présent en 2022, contre 439 000 b/j en 2021, selon les données de la société de renseignements sur les matières premières Kpler.