Indian Oil Corporation (IOC) a émis un appel d’offres pour un cargo spot de gaz naturel liquéfié (GNL) à livrer au terminal de Dahej le 20 janvier 2026. La date de clôture est fixée au 9 décembre 2025. Cette opération s’inscrit dans un contexte de prix modérés autour de 11 $/MBtu en Asie, tandis que la demande saisonnière demeure faible. Le mouvement intervient aussi dans un climat marqué par une surveillance accrue des approvisionnements en provenance de Russie.
Un marché spot actif mais prudent en Asie
Le marché spot du GNL en Asie a connu une activité soutenue ces dernières semaines, bien que principalement alimentée par les acteurs intermédiaires plutôt que par les utilisateurs finaux. La consommation asiatique de GNL devrait chuter de près de 5 % en 2025, passant de 254 à 240 Mt. L’Inde affiche une baisse de 7 % de sa demande gazière sur les cinq premiers mois de l’année, conséquence directe de la sensibilité de son industrie aux fluctuations de prix. Face à une production domestique en repli, les importations assurent désormais près de la moitié des besoins en gaz du pays.
Dahej au cœur d’une stratégie d’approvisionnement hybride
Bien que le terminal de Dahej soit opéré par Petronet LNG, IOC y concentre une grande partie de ses flux d’importation. Ce terminal, dont la capacité passera de 17,5 à 22,5 Mt/an d’ici mars 2026, permet à IOC d’absorber des cargaisons supplémentaires dans des délais courts. L’entreprise a récemment sécurisé plusieurs contrats de long terme, notamment avec ADNOC Gas, TotalEnergies et Trafigura, cumulant plus de 5 Mt/an à partir de 2026. Toutefois, environ 40 % de la demande indienne prévue pour 2030 reste non contractée, rendant les achats spot stratégiquement nécessaires.
Pression géopolitique autour du GNL russe
Le recours au marché spot intervient dans un contexte de pressions croissantes sur le GNL russe. Les nouvelles sanctions américaines visent des projets comme Arctic LNG 2 ainsi que leurs partenaires logistiques, compliquant la participation de traders à la chaîne d’approvisionnement. Pour IOC, entité publique, le risque juridique et financier associé à un achat de cargaison russe devient plus difficile à justifier. En privilégiant des fournisseurs américains, du Golfe ou africains, l’Inde limite son exposition aux représailles secondaires tout en maintenant une posture diplomatique équilibrée.
Optimisation de portefeuille avant le démarrage des contrats long terme
Le tender s’aligne également avec la logique d’optimisation de portefeuille : IOC aurait déjà acquis un cargo de janvier à un prix situé autour de 10,4 $/MBtu. Ce niveau reste compétitif par rapport au JKM. La société pourrait ainsi combler une fenêtre logistique temporaire avant le début de ses engagements pluriannuels. Le choix du spot offre aussi une flexibilité précieuse pour répondre à des pics de demande dans le secteur électrique ou les engrais, deux utilisateurs sensibles aux prix et aux subventions.
Répercussions sur la chaîne d’approvisionnement et les équilibres régionaux
Ce type de tender, bien qu’isolé, envoie un signal structurant au marché. Il consolide le rôle de la côte ouest indienne comme point d’entrée compétitif pour les cargaisons atlantiques. Les traders peuvent ainsi réaligner des volumes prévus pour l’Europe ou l’Asie du Nord-Est vers des acheteurs plus flexibles. Sur le plan maritime, les contraintes réglementaires poussent à privilégier des navires opérant en dehors de la flotte parallèle liée au GNL russe, sécurisant ainsi les routes vers Dahej.
Conséquences internes pour IOC
L’appel d’offres de janvier contribue à sécuriser l’approvisionnement immédiat tout en diversifiant les expositions prix dans un portefeuille déjà structuré autour du Brent et du Henry Hub. Le processus par appel d’offres renforce la crédibilité de l’entreprise auprès des partenaires financiers et commerciaux. Il apporte aussi plus de transparence sur sa politique d’achats, un élément clé dans un environnement de gouvernance publique renforcée.
L’Inde, entre diversification énergétique et neutralité géopolitique
Chaque opération de ce type renforce la place de l’Inde comme acheteur flexible, capable d’ajuster rapidement ses volumes selon les conditions de marché. La multiplication des deals avec des partenaires du Golfe et des États-Unis, combinée à une prudence sur le GNL russe, conforte cette position. Le tender de IOC permet d’observer comment New Delhi navigue entre ses objectifs de sécurité énergétique et les nouvelles lignes rouges imposées par les régimes de sanctions internationaux.