Le Japon, anticipant une diminution de la demande intérieure de gaz naturel liquéfié (GNL) en raison de la relance des centrales nucléaires et de l’essor des énergies renouvelables, se tourne vers les marchés asiatiques pour écouler ses excédents de GNL. Cette stratégie vise à maintenir un volume d’importation annuel de 100 millions de tonnes de GNL, conformément aux objectifs gouvernementaux. Les entreprises japonaises, telles que Tokyo Gas, Marubeni, et Sojitz, investissent ainsi dans des projets énergétiques en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam, aux Philippines et en Indonésie.
Projets Stratégiques en Asie
Tokyo Gas a récemment annoncé une étude pour un projet de centrale électrique au GNL de 1,5 gigawatt au Vietnam et a acquis une participation dans un terminal de regazéification aux Philippines. Parallèlement, Marubeni et Sojitz ont lancé une centrale électrique au GNL de 1,8 GW en Indonésie. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large de sécurisation des approvisionnements en énergie et de développement des capacités de commerce de GNL en Asie.
Implications pour la Sécurité Énergétique
L’augmentation des investissements japonais dans les infrastructures de GNL en Asie vise à renforcer la sécurité énergétique du pays et à gérer les risques liés aux excédents de GNL. Yoko Nobuoka, analyste senior chez LSEG, souligne que le développement de capacités de trading et la création d’un marché gazier asiatique sont cruciaux pour cette sécurité. La participation active du Japon dans plus de 30 projets gaziers dans des pays comme le Bangladesh, l’Inde, et la Malaisie, témoigne de cette stratégie ambitieuse.
Évolution de la Demande de GNL
La demande japonaise de GNL, en baisse depuis la réouverture des centrales nucléaires et l’adoption des énergies renouvelables, a conduit à une réduction des importations de GNL de 8 % l’année dernière. Néanmoins, le ministère de l’Industrie (METI) a réitéré son plan de maintenir une capacité de manutention de GNL à 100 millions de tonnes par an d’ici 2030. Les entreprises japonaises, telles que Tokyo Gas, visent à augmenter leur volume de trading de GNL pour compenser la diminution de la demande intérieure.
Perspectives Régionales et Enjeux Climatiques
Le Japon joue un rôle crucial dans les marchés gaziers asiatiques, en particulier avec la montée des tensions commerciales avec la Chine, principal importateur mondial de GNL. Les exportations japonaises de GNL vers des pays tiers ont doublé pour atteindre 31,6 millions de tonnes en 2022, en grande partie grâce aux projets en amont et aux contrats de fourniture. Toutefois, les militants climatiques critiquent cette dépendance au GNL, arguant que le Japon devrait investir directement dans les énergies renouvelables pour aider les pays asiatiques à décarboniser.
Les investissements japonais dans des terminaux d’importation de GNL en Asie du Sud-Est, totalisant une capacité de 29,2 millions de tonnes par an, démontrent une stratégie proactive pour stabiliser l’approvisionnement énergétique et gérer les excédents futurs. Cependant, cette approche est contestée par des groupes comme Market Forces, qui plaident pour une transition énergétique directe vers les renouvelables.
Réflexion Analytique
En conclusion, la stratégie japonaise d’investissement dans les infrastructures gazières en Asie vise à pallier à une future surproduction de GNL tout en renforçant la sécurité énergétique régionale. Cette approche, bien que pragmatique, doit toutefois prendre en compte les enjeux climatiques et les pressions croissantes pour une transition accélérée vers les énergies renouvelables.