Interconnexion des réseaux électriques en Asie du Sud-Est : enjeu géopolitique ?

L'interconnexion des réseaux électriques en Asie du Sud-Est est devenue un enjeu géopolitique, avec la Chine en avance technologique. Les États-Unis cherchent des alternatives, se concentrant sur les micro-réseaux électriques décentralisés.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

L’interconnexion des réseaux électriques asiatiques constitue-t-elle un nouveau champ de bataille dans la rivalité sino-américaine ? Pendant longtemps, cette question paraissait sans fondement tant l’interconnexion des réseaux électriques reposait essentiellement sur des considérations commerciales. Aujourd’hui, la donne a changé sous l’effet de l’électrification progressive des sociétés asiatiques et de la rivalité technologique sino-américaine.

L’électrification des sociétés a, d’une part, facilité le développement de grands réseaux électriques interconnectés au niveau régional. D’autre part, cette interconnexion des réseaux s’appuie sur le contrôle de technologies clés faisant l’objet d’une véritable bataille géopolitique. C’est pourquoi les réseaux électriques régionaux émergent comme des nouveaux espaces de lutte d’influence entre les puissances. Située au cœur de la croissance mondiale, l’Asie du Sud-Est fait figure de territoire décisif dans ce contexte de rivalité.

Le développement de l’interconnexion des réseaux électriques en Asie du Sud-Est

Depuis quelques années, l’Asie du Sud-Est a beaucoup misé sur l’interconnexion des réseaux électriques afin de renforcer sa sécurité énergétique. C’est le cas notamment des pays du Mékong formant un réseau commun dénommé le Greater Mekong Subregion (GMS). Ce dernier relie la Chine au Cambodge et au Myanmar et traverse le Laos, le Vietnam et la Thaïlande. L’ASEAN a elle aussi dévoilé un plan ambitieux d’interconnexion et de modernisation de ses réseaux électriques intitulé l’ASEAN Power Grid.

 

Interconnexion électrique sud-asiatique
Les chefs de délégation posant pour une photo souvenir lors de la séance d’ouverture du 33e Sommet de l’ASEAN (Source : Thông Nhât/AVI).

Cette volonté d’interconnecter les réseaux électriques s’explique par des gains importants en matière d’intégration des renouvelables. Étant difficilement pilotables, ces dernières créent en effet des déséquilibres sur les marchés électriques, surtout aux heures de pointe. Un réseau interconnecté peut dès lors limiter cette instabilité en facilitant l’échange d’électricité entre les États. D’après la Banque mondiale, l’Asie du Sud-Est pourrait ainsi économiser près de 5 % en coût de production de l’électricité.

L’interconnexion des réseaux peut également permettre à cette région de réduire sensiblement sa dépendance aux énergies fossiles importées. La Thaïlande et le Vietnam profitent ainsi du GMS afin d’importer de l’hydroélectricité venant du Laos et du Cambodge. Pour ces pays, il s’agit d’un enjeu majeur afin d’atteindre leurs objectifs climatiques définis lors de l’accord de Paris. C’est pourquoi le Sud-Est asiatique devrait connaître une forte croissance de ses réseaux électriques dans les années à venir.

Le rôle de la Chine dans l’interconnexion des réseaux électriques asiatiques

Afin de faciliter les échanges régionaux, les réseaux asiatiques devront faire l’objet d’une profonde modernisation technologique. Cela passera notamment par l’installation d’interconnecteurs ainsi que des lignes de longue-distance capables de supporter un flux important d’électricité. Dans ce domaine, ce sont les acteurs chinois qui dominent le marché en raison de leur avance technologique. Les chinois State Grid et Southern Power Grid sont ainsi les seules firmes à pouvoir installer des lignes ultra-haute tension.

Cette technologie dite UHV est particulièrement importante pour faciliter l’interconnexion des réseaux électriques. En effet, en réduisant les pertes sur une longue distance, elle engendre une diminution des coûts de transmission de l’électricité. La maîtrise des UHV confère donc aux acteurs chinois un avantage compétitif majeur sur la concurrence en Asie du Sud-Est. Le Pakistan, le Laos et le Cambodge ont ainsi déjà confié la modernisation du réseau électrique à des compagnies chinoises.

Cette poussé des acteurs chinois est encouragée par Pékin dans le cadre de sa Belt and Road Initiative (BRI). Le gouvernement promeut en effet un plan ambitieux d’interconnexion continentale, la Global Energy Interconnection Iniative (GEII), d’ici à 2049. Économiquement, ce plan a pour but d’exporter les surcapacités chinoises en matière d’électricité. Politiquement, la GEII vise à renforcer l’influence chinoise en créant une interdépendance de fait entre Pékin et ses voisins.

La dimension géopolitique de l’interconnexion des réseaux électriques asiatiques

Afin de contrer l’emprise de la Chine, les États-Unis défendent une stratégie dite de Free and Open Indo-Pacific. Cette stratégie vise à investir dans les infrastructures énergétiques et promouvoir les normes de libre-concurrence en Asie du Sud-Est. Au niveau des réseaux électriques, cela se traduit par un soutien affiché aux projets d’interconnexion alternatifs aux projets chinois. Washington appuie ainsi le SAARC, un projet d’interconnexion du sous-continent indien défendu par New Delhi.

Interconnexion électrique sud-asiatique
Rencontre entre les ministres américains et indiens de la Défense et des Affaires étrangères en octobre 2020 (source : AFP).

 

De même, les États-Unis ont signé le US-Mekong Partnership visant à contrecarrer le GMS largement dominé par la Chine. Néanmoins, les américains ont beaucoup de peine à proposer une offre compétitive en matière d’interconnexion des réseaux. C’est que les États-Unis ne maîtrisent pas les technologies liées aux réseaux interconnectés et centralisés. Ainsi, sur le territoire américain, il n’existe pas aujourd’hui d’interconnexion entre les trois principaux réseaux électriques du pays.

Ce retard a paradoxalement permis au secteur privé américain d’investir massivement dans les technologies liées aux micro-réseaux (microgrids) électriques. Ce point est capital car loin de concurrencer la Chine sur les réseaux interconnectés, les États-Unis dominent les  réseaux décentralisés. Or, un micro-réseau peut favoriser l’intégration des renouvelables en améliorant la flexibilité de la demande. En conséquence, les réseaux décentralisés ont le potentiel de réduire drastiquement les besoins d’interconnexion des réseaux électriques.

En Asie du Sud-Est, les micro-réseaux font ainsi l’objet d’un intérêt croissant. D’une part, les conditions géographiques de la région, faites de montagnes et d’îles, favorisent les micro-réseaux en matière de coûts. D’autre part, les nombreux typhons rendent nécessaire le développement des réseaux décentralisés comme facteur d’équilibre des marchés électriques.

Les États-Unis et la Chine ont donc fait des réseaux électriques un nouveau champ de bataille de leur rivalité stratégique. Aujourd’hui, en Asie du Sud-Est, nous assistons à une véritable lutte d’influence entre les deux puissances dans ce domaine. Sans doute cette compétition peut nous ouvrir les yeux sur l’importance géopolitique, malheureusement longtemps sous-estimée, de l’interconnexion des réseaux électriques.

Washington verrouille la Grèce comme pivot gazier euro-atlantique face à Moscou et Pékin

Les États-Unis ancrent leur présence énergétique en Méditerranée orientale, en consolidant un corridor gazier via la Grèce vers l’Europe centrale, au détriment des flux russes et de l’influence logistique chinoise sur le port du Pirée.

France et Chine préparent un groupe climat pour sécuriser nucléaire et cleantech

Paris et Pékin s’accordent sur la création d’un groupe de travail bilatéral climat, centré sur les technologies nucléaires, les énergies renouvelables et le maritime, dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre la Chine et l’Union européenne.

La Turquie vise des parts dans le gaz américain pour renforcer ses exportations vers l’Europe

Ankara prévoit d’investir dans la production de gaz aux États-Unis afin de sécuriser son approvisionnement en GNL et de devenir un fournisseur clé pour le sud de l’Europe, selon le ministre turc de l’Énergie.
en_11404441230540

Ankara alerte sur la sécurité énergétique après des attaques contre des tankers russes

Trois navires russes visés au large de la Turquie ravivent les inquiétudes d’Ankara quant à la sécurité de l’approvisionnement gazier et pétrolier en mer Noire, ainsi que la vulnérabilité de ses infrastructures sous-marines.

La Roumanie place Lukoil sous contrôle temporaire pour éviter une crise énergétique

Bucarest autorise une prise en main exceptionnelle des actifs locaux de Lukoil, afin d’éviter un choc d’approvisionnement tout en respectant les sanctions internationales visant le groupe russe. Trois repreneurs sont déjà en discussions avancées.

L’Union européenne réclame des garde-fous dans l’accord douanier avec les États-Unis

Les gouvernements européens souhaitent intégrer des clauses de sauvegarde et un mécanisme de révision dans l'accord commercial conclu avec Washington afin de limiter les risques d’un afflux de produits américains sur leur marché.
en_1140290956540

Une frappe de drone neutralise Khor Mor et provoque un effondrement électrique au Kurdistan

Le champ gazier de Khor Mor, opéré par Pearl Petroleum, a été frappé par un drone armé, interrompant la production et provoquant des coupures d’électricité touchant 80 % de la capacité énergétique du Kurdistan irakien.

Les Émirats arabes unis lancent un plan énergétique de 1 milliard $ au Yémen

Global South Utilities investit 1 milliard $ dans de nouveaux projets solaires, éoliens et de stockage pour renforcer les capacités énergétiques du Yémen et étendre son influence dans la région.

Le Royaume-Uni et FirstRand mobilisent $150mn pour accélérer la transition énergétique africaine

British International Investment et FirstRand s’allient pour financer la décarbonation des entreprises africaines, à travers une facilité ciblée sur le soutien aux secteurs les plus émetteurs de carbone.
en_114026261138540

La Hongrie s’engage à soutenir la Serbie après l’arrêt des livraisons de pétrole

Budapest se mobilise pour assurer l’approvisionnement pétrolier serbe, menacé par la suspension des flux via la Croatie après les sanctions américaines contre la raffinerie NIS, détenue majoritairement par la Russie.

La Russie intensifie son rapprochement énergétique avec la Chine malgré les sanctions

Moscou affirme vouloir accroître ses exportations de pétrole et de gaz naturel liquéfié vers Pékin, tout en consolidant la coopération bilatérale dans un contexte de restrictions américaines visant les producteurs russes.

La BEI engage 2 Mds€ pour renforcer l’influence énergétique de l’UE en Afrique

La Banque européenne d’investissement mobilise 2 Mds€ de financements garantis par la Commission européenne pour des projets énergétiques en Afrique, avec un objectif stratégique inscrit dans la diplomatie énergétique de l’Union européenne.
en_11402411136540

Les recettes pétro-gazières russes chutent de 35 %, lestées par les sanctions

La Russie subit une baisse structurelle de ses revenus énergétiques alors que les sanctions renforcées contre Rosneft et Lukoil fragilisent les flux commerciaux et aggravent le déficit budgétaire fédéral.

Les États-Unis frappent la logistique pétrolière iranienne et exposent les acteurs asiatiques

Washington impose de nouvelles sanctions ciblant navires, armateurs et intermédiaires en Asie, rendant plus risqué le commerce de pétrole iranien et redéfinissant le périmètre de conformité maritime dans la région.

Washington autorise les flux vers Paks II et insère des intérêts américains dans le nucléaire hongrois

La licence OFAC sur Paks II permet de contourner les sanctions contre Rosatom en échange d’un ancrage technologique américain, reconfigurant l’équilibre d’intérêts entre Moscou, Budapest et Washington.
en_1140221128540

Les petits États de l’UE renforcent leur influence énergétique en Afrique via Global Gateway

Finlande, Estonie, Hongrie et Tchéquie multiplient les initiatives bilatérales en Afrique pour capter des projets énergétiques et miniers stratégiques dans le cadre du programme européen Global Gateway.

Lula défend une sortie des fossiles sans contrainte face aux tensions à la COP30

Le président brésilien plaide pour une transition énergétique volontaire et sans échéance fixe, tout en évitant d’affronter les intérêts des pays producteurs lors des discussions de la COP30 à Belém.

L’Afrique subsaharienne capte 2,3 % des investissements mondiaux en renouvelable en 2024

La région n’a attiré qu’une faible part des capitaux mondiaux dédiés aux énergies renouvelables en 2024, malgré des besoins élevés et des objectifs de développement importants, selon un rapport publié en novembre.
en_114018181125540

Washington renforce son accord nucléaire avec Séoul et ouvre l’accès à l’enrichissement

Les États-Unis approuvent le développement par la Corée du Sud de capacités civiles d’enrichissement de l’uranium et soutiennent un projet de sous-marins nucléaires, élargissant un partenariat stratégique déjà lié à un accord commercial majeur.

Les ministres des Finances de l’UE valident le prêt de réparation adossé aux actifs russes gelés

Les Vingt-Sept s’accordent pour privilégier le mécanisme de prêt basé sur les avoirs russes immobilisés afin de financer l’aide à l’Ukraine, réduisant l’impact budgétaire national tout en garantissant une capacité de financement renforcée.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.