ICGB, opérateur du gazoduc reliant la Grèce et la Bulgarie, a signé un accord stratégique avec DESFA, le gestionnaire du réseau gazier grec. Ce partenariat vise à renforcer l’interconnexion au point de Komotini, un axe essentiel pour les flux gaziers entre l’Europe du Sud-Est et les marchés du nord. Cet accord permet une plus grande fluidité dans le transport du gaz provenant de l’Azerbaïdjan et du GNL regazéifié en provenance des terminaux grecs et turcs.
La mise en service commerciale de cette interconnexion est prévue pour le 1er octobre 2024, en parallèle avec le lancement de la station flottante de regazéification (FSRU) d’Alexandroupolis, dans le nord de la Grèce. Cette nouvelle infrastructure de GNL permettra de renforcer la sécurité énergétique en Europe, tout en facilitant l’accès à des volumes supplémentaires de gaz pour répondre à la demande croissante dans la région.
FSRU d’Alexandroupolis : rôle clé pour l’approvisionnement régional
Le terminal flottant de regazéification d’Alexandroupolis, d’une capacité de 5,5 milliards de mètres cubes par an (Bcm/an), est un élément central de la stratégie de diversification des sources énergétiques de la Grèce et de ses partenaires européens. Bien que la mise en service de cette FSRU ait subi plusieurs retards en raison de problèmes techniques, sa mise en exploitation en octobre 2024 représente une avancée majeure dans l’augmentation de la capacité d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe du Sud-Est.
Cet accord entre ICGB et DESFA renforce l’importance de l’infrastructure gazière régionale. Il permet de faciliter la circulation du gaz entre la Grèce, la Bulgarie et les marchés de l’Europe centrale, en s’appuyant sur des routes diversifiées pour sécuriser l’approvisionnement énergétique à long terme.
Capacité d’expansion du gazoduc Grèce-Bulgarie
ICGB prévoit également d’augmenter la capacité de transport du gazoduc, passant de 3 milliards de mètres cubes par an (Bcm/an) à 5 Bcm/an. Bien que les tests de marché réalisés en 2023 aient montré un intérêt mitigé pour cette augmentation de capacité, l’entreprise considère cette expansion comme un objectif stratégique nécessaire pour garantir l’approvisionnement régional en gaz naturel.
Cette extension de capacité fait partie d’une vision plus large qui vise à renforcer les infrastructures énergétiques en Europe du Sud-Est. La capacité accrue du gazoduc permettra de transporter du gaz d’origine diverse, y compris du GNL regazéifié et du gaz provenant d’Azerbaïdjan, répondant ainsi à la nécessité de diversification énergétique dans un contexte de volatilité des marchés.
Défis du marché du gaz et volatilité des prix
Les prix du GNL sur le marché méditerranéen restent instables, ce qui a un impact direct sur les décisions d’investissement concernant les capacités de transport supplémentaires. En août 2024, les prix du GNL dans la région de la Méditerranée orientale étaient évalués à 11,86 $ par million de British Thermal Units (MMBtu), un niveau relativement élevé. Ces fluctuations de prix, conjuguées aux retards de mise en service de la FSRU d’Alexandroupolis, ont freiné l’intérêt des entreprises pour réserver des capacités supplémentaires à long terme.
Toutefois, ICGB continue de promouvoir l’expansion de ses infrastructures, estimant que la volatilité actuelle des marchés ne doit pas compromettre la nécessité de préparer l’avenir énergétique de la région. La construction de l’interconnexion Grèce-Bulgarie et l’expansion de la FSRU d’Alexandroupolis s’inscrivent dans cette logique de préparation stratégique, garantissant une flexibilité accrue pour faire face aux futurs besoins en gaz.
Enjeux géopolitiques et perspectives d’intégration régionale
La mise en place de cette interconnexion et l’augmentation des capacités de transport entre la Grèce et la Bulgarie s’inscrivent dans le cadre plus large du Corridor Gazier Vertical, une initiative européenne visant à développer un réseau d’infrastructures gazières intégré en Europe du Sud-Est. Cette interconnexion est essentielle pour permettre l’acheminement de gaz vers l’Europe centrale et orientale, des zones où les besoins énergétiques continuent de croître.
L’Europe du Sud-Est est particulièrement exposée aux risques géopolitiques et aux fluctuations des prix sur le marché mondial de l’énergie. La diversification des sources d’approvisionnement, à travers des infrastructures comme le gazoduc Grèce-Bulgarie et la FSRU d’Alexandroupolis, offre une meilleure résilience face à ces incertitudes. Ce renforcement des infrastructures gazières est aussi crucial pour la sécurité énergétique des pays de la région, qui dépendent largement des importations pour couvrir leurs besoins en gaz naturel.
L’accord signé entre ICGB et DESFA, bien qu’il réponde à des impératifs immédiats en matière de gestion des flux de gaz, s’inscrit dans une stratégie plus vaste d’intégration des infrastructures énergétiques en Europe du Sud-Est. Cette démarche permet non seulement d’assurer une plus grande sécurité d’approvisionnement pour les années à venir, mais également de soutenir la transition énergétique de la région en facilitant l’accès à des sources de gaz diversifiées.