Le 19 mars 2025, un amendement adopté en commission au Sénat a ravivé l’inquiétude concernant l’avenir de la centrale à charbon de Saint-Avold, située en Moselle. Ce projet de reconversion au biogaz, qui faisait l’objet d’une proposition de loi visant à soutenir la transition énergétique, se trouve fragilisé par l’inclusion des centrales au fioul dans le texte législatif. Le vote, qui a eu lieu en commission des affaires économiques, a suscité des réactions vives parmi les salariés et les syndicats de la centrale, notamment la CFDT, qui redoute un ralentissement significatif du processus de conversion.
La centrale Emile Huchet, gérée par GazelEnergie, est l’une des deux dernières centrales à charbon en activité en France, aux côtés de celle de Cordemais. Le président Emmanuel Macron avait annoncé en 2023 que ces sites seraient convertis d’ici 2027, mais EDF a récemment annoncé la fermeture de la centrale de Cordemais, un coup dur pour les employés et les parties prenantes du secteur. Le projet de reconversion de Saint-Avold semblait offrir une lueur d’espoir pour les salariés, mais l’amendement voté au Sénat pourrait compromettre cette perspective.
Les modifications apportées au texte ont été mal reçues, notamment par les élus locaux et syndicaux. Michaël Weber, sénateur socialiste de la Moselle, a exprimé sa déception en soulignant que l’amendement ne correspondait pas aux intentions initiales de conversion des centrales utilisant des combustibles solides comme le charbon. Le délégué syndical de la CFDT, Thomas About, a qualifié cette évolution de « catastrophe » et met en avant les risques d’une bureaucratisation excessive qui pourrait retarder davantage un processus déjà instable.
Les 150 salariés directs de GazelEnergie sur le site, ainsi que les 500 emplois directs et indirects liés à la centrale, sont désormais dans l’incertitude. Le texte pourra toutefois encore être modifié lors de son examen en séance publique mardi prochain, offrant une possibilité de révision avant son adoption définitive.
Les implications pour la transition énergétique
Ce projet de reconversion, qui a initialement été salué comme un exemple de transition énergétique, se heurte désormais à des obstacles législatifs. Les sénateurs ont étendu la portée de la proposition de loi aux centrales au fioul, ce qui introduit des complexités supplémentaires dans le processus. La CFDT et d’autres syndicats craignent que cette extension n’ajoute des lourdeurs administratives qui ralentiront l’avancée des projets de conversion, en particulier pour la centrale de Saint-Avold.
La réaction des acteurs politiques et syndicaux
Les élus locaux, dont Michaël Weber, ont exprimé leur mécontentement face à un amendement qui, selon eux, ne correspond pas à la vision d’une transition énergétique rapide et efficace. Le texte original visait à soutenir spécifiquement la reconversion des centrales utilisant du charbon, un secteur clé dans la réduction des émissions de CO2. L’introduction de nouvelles contraintes pourrait rendre cette reconversion plus difficile, au moment où les efforts pour décarboner l’industrie française sont cruciaux.