La hausse des prix de l’énergie et la suppression progressive des quotas gratuits d’émission de CO2 en Europe menacent plus de 150.000 emplois industriels en France, indique une étude d’un think-tank pro-industrie jeudi.
Selon cette étude publiée par le groupe de réflexion La Fabrique de l’Industrie avec le cabinet de conseil Olivier Wyman, la crise européenne de l’énergie menace 154.500 emplois industriels à moyen terme, soit « près de 6% » des 2,7 millions de salariés que compte l’industrie française en équivalent temps-plein.
Sur ce total, 117.000 viennent du « doublement durable des prix de l’énergie en Europe alors qu’ils restent stables dans le reste du monde », notamment aux Etats-Unis où l’industrie a reçu le soutien du plan ouvertement protectionniste « Inflation réduction act » (IRA) de l’administration de Joe Biden. Quelque 37.500 autres suppressions d’emplois résulteraient des « conséquences négatives de la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) » en discussion à Bruxelles pour réguler les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les produits importés en Europe, selon l’étude.
Ce mécanisme prévoit notamment la suppression graduelle des quotas gratuits d’émission de CO2 dont bénéficient depuis 2013 des secteurs entiers de l’industrie lourde pour les encourager à décarboner leurs activités en évitant les délocalisations. Ces entreprises devront bientôt payer leurs droits de polluer. Mais si l’instauration du MACF avait un temps été considérée favorablement comme un moyen de mettre fin au « dumping climatique » de certaines puissances commerciales, les industriels pointent les lacunes du dispositif: ils font notamment valoir que le MACF taxera uniquement les entrées sur le marché intérieur européen et pèsera sur la compétitivité des exportations européennes « face à une concurrence étrangère qui n’aura pas essuyé le même coût du carbone en amont ».
« Pour que les producteurs européens et extra-européens soient logés à la même enseigne, il aurait fallu que le MACF fonctionne +à l’envers+ pour les exportations, en les dédouanant du prix du carbone payé lors de leur production en Europe. Ce n’est pas le choix qui a été fait », note l’étude.