Le groupe chimique Ineos a confirmé la suppression de 60 emplois sur son site d’acétyles à Hull, au Royaume-Uni, représentant une réduction de 20 % de sa main-d’œuvre locale. Cette décision intervient dans un contexte de pressions persistantes sur le secteur chimique européen, affecté par les coûts énergétiques élevés et des importations étrangères jugées déloyales.
Un environnement de marché sous pression
Selon Ineos, les mesures annoncées sont une conséquence directe de la flambée des prix de l’énergie et de pratiques commerciales qualifiées d’anti-concurrentielles, en particulier l’arrivée massive de produits chinois et américains à bas prix sur le marché européen. Ces importations, en partie produites au charbon, génèrent jusqu’à huit fois plus de dioxyde de carbone (CO2) que les produits fabriqués localement, a précisé l’entreprise.
Le groupe a souligné que ces mêmes produits ont été bloqués par des tarifs douaniers aux États-Unis, mais continuent d’entrer librement au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. Ineos a ainsi lancé un appel formel au gouvernement britannique et à la Commission européenne pour imposer des droits antidumping immédiats afin de préserver la compétitivité du secteur chimique régional.
Rationalisation des capacités à l’échelle européenne
Cette annonce s’inscrit dans une série de réductions d’activité menées par Ineos en Europe. L’entreprise a récemment fermé des unités à Grangemouth, au Royaume-Uni, ainsi qu’à Geel, en Belgique, et prépare actuellement la fermeture de son site de phénol de Gladbeck, en Allemagne. Des installations ont également été mises en sommeil à Tavaux, en France, et à Martorell, en Espagne.
Le secteur pétrochimique européen connaît une vague de rationalisation de ses capacités de production, conséquence de la faiblesse persistante de la demande, d’une offre excédentaire et d’une pression concurrentielle accrue provenant des importations à bas coût.
Appels renouvelés à la protection commerciale
Ineos a investi GBP30 millions dans la conversion du site de Hull vers une alimentation à l’hydrogène, réduisant ainsi ses émissions de CO2 de 75 %. Malgré ces efforts, la direction indique ne pas pouvoir compenser l’impact des importations moins chères.
David Brooks, directeur général de Ineos Acetyls, a déclaré que le site de Hull reste performant et bien équipé, mais qu’après avoir envisagé toutes les options, l’entreprise a été contrainte de procéder à ces réductions face à une pression persistante sur les coûts et à une concurrence jugée inéquitable.
L’entreprise estime que sans action rapide en matière de politique commerciale, énergétique et carbone, de nouvelles fermetures pourraient suivre, menaçant des milliers d’emplois à travers le Royaume-Uni et l’Europe.