L’industrie du charbon a encore été fragilisée par un récent désengagement de la part des pays du G7, soit les plus puissants du monde. Certains pays les plus dépendants, comme l’Inde, vont donc devoir composer avec un désengagement des grandes agences de crédit à l’exportation.
Le G7 se désengage de l’industrie du charbon
Plusieurs États ont récemment pris une décision drastique quant à l’industrie du charbon. D’ici fin 2021, ils souhaitent en effet arrêter le financement international des projets d’énergie au charbon. Il s’agit d’un acte important pour limiter le réchauffement climatique mondial.
Ces dispositions sont soutenues par les principales agences de crédit à l’exportation, soit 171 banques, assureurs et gestionnaires d’actifs. Elles s’appuient sur des politiques d’exclusion formelles, relatives aux prêts, aux investissements, et aux assurances dans l’industrie du charbon. Ces sociétés montrent ainsi leur implication envers la feuille de route 2050 publiée par l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA).
Celle-ci recommande en effet de ne pas engager de nouveaux projets de combustibles fossiles. Certains pays, comme la Chine et le Japon, tentent de répondre à ces conseils à travers des politiques ambitieuses. Néanmoins, l’Inde éprouve des difficultés à s’impliquer de la même manière.
« Le charbon est en voie de disparition » selon l’IEA
Ces décisions n’ont qu’un impact limité sur l’industrie du charbon indienne, qui ne dépend pas des crédits à l’exportation. Pourtant, ce message global témoigne finalement de la décroissance de cette industrie polluante.
Le gouvernement indien s’appuie sur des investisseurs nationaux et mondiaux, tels que Rio Tinto, BHP ou Peabody. Néanmoins, le cours de l’action de Peabody se dirige vers sa deuxième faillite, avec un effondrement de 78%. Rio Tinto et BHP tentent de sortir du charbon, puisqu’ils ont vendu leurs dernières mines en 2018 et en 2020.
Également, les centrales à charbon indiennes apparaissent de plus en plus contestables, car peu viables. Il est d’autant plus problématique que celles-ci sont incapables de concurrencer les réductions de coûts actuellement observables du secteur photovoltaïque. Mais alors, pourquoi le gouvernement indien continue-t-il de soutenir le développement de l’industrie du charbon ?
Inde : le charbon atteindra son pic d’ici 2025
Selon le groupe de réflexion IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis), il s’agit avant tout d’opportunisme. L’entreprise nationale Coal India utilise régulièrement sa position de monopole dans l’industrie du charbon pour donner la priorité à certains clients. Dès lors, les entreprises privées luttent pour alimenter leurs usines du fait de l’indisponibilité périodique du charbon.
Pour l’IEEFA, les mesures prises à l’encontre du charbon sont entièrement compatibles avec les objectifs actuels du gouvernement indien. L’Inde souhaite en effet réduire sa dépendance aux importations de combustibles fossiles. Pour cela, le gouvernement souhaite doter le pays d’une capacité de 450 GW d’énergies renouvelables d’ici 2030.
Une transition énergétique ralentie
Selon les estimations de l’IEA, l’industrie du charbon en Inde devrait ainsi atteindre son pic d’ici 2025. D’après l’IEEFA, cette capacité maximale d’électricité au charbon serait d’environ 220 à 230 GW. Cette évaluation est calculée d’après les déclarations politiques et économiques des principaux acteurs du secteur.
En 2019, le géant privé indien Tata Power avait déjà annoncé qu’il ne construirait plus de nouvelles centrales à charbon. Depuis 2020, NTPC s’est engagé à ne pas acquérir de nouveaux terrains destinés à l’industrie du charbon. Ces exemples illustrent la reconversion progressive de certaines sociétés indiennes majeures de l’industrie du charbon.
Nécessité d’un changement radical en Inde ?
L’IEEFA et l’IEA s’attendent ainsi à un changement radical en Inde, spécifiquement dans la construction des actifs renouvelables. Dotés d’un coût beaucoup moins élevé que le charbon, ceux-ci ont néanmoins été largement impactés par la situation indienne récente. La récession provoque une crise de la demande depuis 2020, aujourd’hui accentuée par la pandémie de Covid-19.
Finalement, il apparaît clairement que les centrales à charbon indiennes sont devenues inefficaces, notamment face au solaire. Néanmoins, l’Inde devra développer un plan de transition précis et sur le long terme afin d’accompagner le changement. Les politiques énergétiques indiennes doivent ainsi prendre en compte les nombreux travailleurs dépendant encore de l’industrie du charbon.