Le secteur énergétique indonésien a longtemps reposé sur le charbon comme source principale d’approvisionnement énergétique, et ce n’est pas près de changer. Selon un rapport récemment publié, le pays, qui s’était engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), voit ses promesses sérieusement compromises par cette dépendance persistante au charbon. En effet, bien que l’Indonésie ait souscrit à des objectifs mondiaux de décarbonisation dans le cadre de l’Accord de Paris, l’augmentation de ses capacités de production d’électricité à partir du charbon semble contraire à ces engagements.
Une croissance continue des capacités de production à base de charbon
La production d’électricité à partir du charbon en Indonésie a connu une forte croissance au cours des dernières décennies. En 2022, la capacité installée en charbon atteignait près de 35 gigawatts, soit plus de 60% de la capacité totale du pays. Cette dépendance au charbon est en grande partie dictée par les coûts relativement faibles de cette source d’énergie, qui reste compétitive par rapport à d’autres formes de production d’électricité, notamment les énergies renouvelables.
Malgré la prise de conscience croissante des effets négatifs du charbon sur l’environnement, la transition vers des énergies plus propres s’avère complexe pour le pays. L’Indonésie a été lente à développer des alternatives durables, et l’infrastructure de production d’énergie renouvelable reste insuffisante pour remplacer le charbon à court terme.
Les contradictions entre les engagements climatiques et les investissements en charbon
L’Indonésie a ratifié l’Accord de Paris en 2016 et a promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 29% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010. Pourtant, les investissements dans les nouvelles centrales à charbon continuent d’affluer. Entre 2020 et 2023, plusieurs projets d’expansion de centrales au charbon ont été lancés, soutenus par des financements nationaux et internationaux. Cette stratégie, fondée sur l’augmentation de la capacité charbonnière, soulève des questions sur la crédibilité des engagements de décarbonisation du pays.
Le gouvernement indonésien justifie ces choix en invoquant les besoins énergétiques croissants de la population, qui devrait atteindre plus de 270 millions de personnes d’ici 2030. Toutefois, certains experts estiment que cette logique manque de vision à long terme, soulignant que les coûts environnementaux et sanitaires du charbon pourraient peser lourdement sur l’économie nationale dans les années à venir.
Les enjeux financiers et économiques derrière cette stratégie énergétique
Le charbon, bien que fortement polluant, reste une source d’énergie relativement bon marché pour l’Indonésie. Les coûts d’investissement dans les infrastructures de production d’énergie à partir de charbon sont moins élevés que pour les énergies renouvelables, ce qui explique pourquoi de nombreux investisseurs, y compris des acteurs internationaux, continuent de financer ces projets. Par ailleurs, l’exportation de charbon reste une source de revenus importante pour l’économie indonésienne, car le pays est l’un des plus grands exportateurs mondiaux de charbon.
Les autorités indonésiennes affirment qu’une transition vers des énergies renouvelables est en cours, mais que cela nécessite du temps et des ressources considérables. Toutefois, face aux pressions économiques et sociales liées à la production d’énergie abordable, l’équilibre entre développement économique et réduction des émissions semble difficile à atteindre.
Les implications pour l’avenir des engagements climatiques
Les experts soulignent que la trajectoire énergétique de l’Indonésie pourrait avoir des conséquences sur ses engagements climatiques à long terme. Si la tendance actuelle se poursuit, il sera difficile pour le pays de tenir ses objectifs climatiques sans augmenter les investissements dans les énergies renouvelables et adopter des politiques plus strictes en matière de transition énergétique.
Le défi pour l’Indonésie sera de trouver un moyen de réduire sa dépendance au charbon tout en répondant aux besoins énergétiques croissants de sa population et en préservant la compétitivité de son secteur économique. Ce dilemme, partagé par de nombreux pays en développement, montre que les choix énergétiques sont étroitement liés aux réalités économiques et sociales, rendant ainsi les engagements climatiques encore plus difficiles à atteindre.