Selon le dernier rapport de l’IEA, l’Indonésie a un fort potentiel pour les énergies renouvelables du fait de l’abondance des ressources. Face à la demande croissante d’énergie, le pays doit revoir son modèle énergétique pour aspirer à la place de 4e puissance mondiale d’ici 2050.
L’Indonésie s’engage à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, si ce n’est avant. Pour atteindre cet objectif, le pays mise sur le secteur de l’électricité. Paradoxalement, ce système électrique est, à l’heure actuelle, très polluant. Il est donc crucial de décarboner l’électricité produite via les énergies renouvelables.
Le mix énergétique actuel de l’Indonésie
Le système électrique indonésien se compose à 60% d’un parc récent de centrales à charbon. À cela, s’ajoute le gaz qui produit actuellement 20% de l’électricité. À noter, ce système classe actuellement l’Indonésie parmi les principaux émetteurs d’émissions liées aux combustibles fossiles.
Malgré les objectifs de réduction d’émission, le charbon continuera à conserver une place importante dans le mix indonésien. Cette ressource permettra de répondre à une part importante de la demande énergétique dans les années à venir. Toutefois, les émissions peuvent être atténuées si des mesures sont prises.
En outre, le plan RUPTL 2021-2030 prévoit d’atteindre 23% d’énergies renouvelables d’ici 2025. Pour ce faire, ce plan préconise de nouvelles capacités hydroélectriques, géothermiques et de biocarburant, couplées à la co-combustion de la biomasse dans les centrales au charbon.
Toutefois, ces grands projets de production ont du retard, rendant difficile la mise en oeuvre du plan.
Un fort potentiel pour les énergies renouvelables
Grâce à des ressources abondantes, l’Indonésie dispose d’un fort potentiel pour les énergies renouvelables. L’hydroélectricité, la géothermie et le solaire photovoltaïque sont ses principaux atouts.
Cependant, l’énergie solaire photovoltaïque tient une place relativement faible dans la stratégie du pays. Cela s’explique par le coût plus élevé de la technologie en Indonésie. En somme, la réglementation actuelle indonésienne freine la compétitivité à court terme du PV solaire.
En comparaison, au niveau mondial, le solaire PV devient de plus en plus compétitif. De plus, les délais de construction sont relativement courts, permettant un déploiement rapide. Sans cette ressource, l’Indonésie peut-il atteindre ses objectifs d’énergie renouvelables?
Par ailleurs, l’étude de l’IEA n’aborde pas en détail le rôle de la biomasse. Cette ressource pourrait permettre d’atteindre l’objectif de 23% d’ici 2025.
Néanmoins, il faut prendre en compte que ce type d’énergie peut exacerber la prédominance du charbon dans le mix électrique. Effectivement, l’utilisation de la biomasse entraîne un fonctionnement intense des centrales à charbon. Pour chaque unité d’énergie biomasse, le système a besoin de neuf unités de charbon.
Le solaire, une énergie indispensable pour l’Indonésie?
L’IEA étudie également le scénario où l’énergie solaire PV a une part plus élevée en Indonésie. Cette étude se base sur les deux principaux systèmes de Java-Bali et de Sumatra, répondant à 80% de la demande.
Ce scénario propose de remplacer la capacité non allouée du RUPTL par le solaire PV. Ce remplacement implique 2,5 GW de nouvelles sources d’énergie renouvelable et la partie bioénergétique de la co-combustion. Le solaire PV doit donc atteindre une capacité de 17,7 GW et une part annuelle d’électricité de 10%. À titre de comparaison, le RUPTL prévoit respectivement 2,8 GW et 2%.
Selon les estimations de l’IEA, Java-Bali et Sumatra peuvent fournir 10% de l’électricité solaire d’ici 2025. Il en découle que l’Indonésie peut augmenter sa part d’énergie renouvelable dans les plans actuels pour 2025 et au-delà. L’idéal est de disposer d’un mélange variable couplé avec des technologies dispatchables (hydrauliques, géothermiques).
En somme, l’avantage principal du PV solaire est de pouvoir faire des économies de carburant. Ces économies s’effectuent à la fois sur les combustibles fossiles (5,5 à 7%) et sur la biomasse très coûteuse.
À noter, l’étude se projette sur le court terme (2025) et non à plus long terme.
La rigidité contractuelle, principal obstacle aux énergies renouvelables
La rigidité contractuelle freine le développement des énergies renouvelables dans le système électrique indonésien. Cela s’explique par les obligations de prise ou de paiement (ToP) dans les contrats d’achat d’électricité (PPA). Cette rigidité touche aussi les contrats d’approvisionnement en combustible pour les générateurs de gaz.
Ces contrats entre PLN, le service public indonésien et les producteurs d’énergie indépendants (IPP), réduisent la flexibilité des unités thermiques. Par conséquent, cela affecte l’efficacité globale du système.
La capacité des IPP charbon représente les deux tiers de la demande de pointe en 2025. Par exemple, si le prélèvement garanti s’élève à 60% chaque année, le mix renouvelable est fortement réduit.
La suppression de ces contraintes permettrait d’offrir de la place aux énergies renouvelables, en réduisant les coûts. De ce fait, les émissions diminueraient. Par conséquent, l’IEA recommande d’avoir davantage de données contractuelles.
Ainsi, il est crucial pour l’Indonésie de revoir les modalités contractuelles pour maximiser le potentiel de sa flotte thermique.
Illustration par Katerina Totikidou