L’Indonésie, qui avait initialement fixé un objectif ambitieux de 23% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2025, pourrait revoir cet objectif à la baisse. Selon un rapport récent de l’organisation londonienne Ember, ce pourcentage pourrait être réduit à 17-19% en raison d’une croissance lente des capacités renouvelables au cours des dernières années.
Entre 2018 et 2023, le pays n’a ajouté que 3,3 GW de nouvelles capacités renouvelables, pour un total actuel de 13 GW. Cette croissance est principalement tirée par la bioénergie (1,3 GW), l’hydroélectricité (1 GW), et, dans une moindre mesure, par le solaire et la géothermie, chacun ayant contribué à hauteur de 0,5 GW. À titre de comparaison, l’Indonésie a ajouté 26 GW de capacités en énergies fossiles sur la même période, renforçant la domination de ces sources dans le mix énergétique national. En 2023, les énergies fossiles représentent 86% de la capacité de production totale du pays.
Les défis de la transition énergétique
Le charbon, à lui seul, constitue 62% de la production d’électricité en Indonésie, soit 217 TWh sur un total de 285 TWh générés par les combustibles fossiles. Les énergies renouvelables, malgré les investissements, ne couvrent que 19% de la demande énergétique nationale. L’hydroélectricité domine cette production renouvelable avec 7% du total, suivie par la bioénergie (6,4%) et la géothermie (4,8%).
Les investissements dans le charbon, soutenus par le programme gouvernemental de construction de 35 000 MW de nouvelles centrales lancé en 2015, ont été massifs. Ce programme visait à soutenir une croissance économique projetée entre 5 et 7% par an. Cependant, ces investissements ont conduit à une surcapacité dans le secteur de l’énergie, une situation exacerbée par des prêts substantiels alloués aux projets de centrales à charbon, totalisant un milliard de dollars entre 2021 et 2022.
Actuellement, les centrales à charbon fonctionnent à seulement 49% de leur capacité installée, un taux bien en dessous de leur potentiel. Selon Ember, améliorer l’efficacité de ces centrales à 64% permettrait d’économiser entre 1,9 et 2,4 milliards de dollars. Ces économies pourraient être réinvesties dans des projets d’énergies renouvelables, atténuant ainsi la dépendance du pays aux énergies fossiles.
Le gouvernement indonésien doit désormais faire face à la complexité d’une transition énergétique dans un contexte de demande énergétique croissante. Les projections indiquent que la demande pourrait presque sextupler d’ici 2060, passant de 363-377 TWh en 2023 à 1 846-2 152 TWh en 2060. Cette perspective impose un réajustement stratégique des priorités énergétiques, avec une nécessité de diversifier les investissements pour éviter une dépendance accrue au charbon.
La révision en cours du National Energy Policy (NEP) 2014 pourrait marquer un tournant important pour la politique énergétique indonésienne. L’approche future devra équilibrer les exigences de croissance avec les engagements de décarbonation, tout en gérant les réalités d’une infrastructure majoritairement dominée par les énergies fossiles.