Le directeur général de l’International Renewable Energy Agency s’est exprimé récemment. Il estime que l’Inde pourrait devenir neutre en carbone avant son objectif de 2070. La décarbonisation de son secteur sidérurgique et le développement de l’énergie éolienne en mer sont des éléments majeurs de cette transition. Le pays serait sur la bonne voie pour accomplir ses objectifs de décarbonisation.
L’Inde maintient ses objectifs
Francesco La Camera, de l’IRENA, a déclaré au Reuters Global Markets Forum que l’Inde était « très sérieuse » pour relever les défis de transition énergétique. Il a ajouté que le pays était très intéressé par le développement de l’éolien offshore. M. La Camera a ajouté que l’Inde était également « sur la bonne voie » pour respecter son engagement de 2030. Celui-ci vise à produire 50 % de l’énergie indienne à partir de combustibles non-fossiles.
Une augmentation de la capacité énergétique non fossile
Le premier ministre indien a porté l’objectif en matière de capacité énergétique non fossile à 500 GW d’ici à 2030. À titre de comparaison, l’Inde à une capacité actuelle de 155 GW.
La capacité éolienne terrestre de l’Inde s’élève à plus de 40 GW. Sa capacité solaire est, quant à elle, estimée à 60 GW. L’Inde explore également des projets pilotes dans le domaine de l’énergie éolienne offshore. Néanmoins, il est peu probable qu’elle entre dans ce secteur avant 2030, car la technologie est encore coûteuse.
M. La Camera a déclaré que le gouvernement s’attend à ce que l’hydrogène renouvelable alimente les secteurs qui ont du mal à réduire leurs émissions de CO2. Il a également insisté sur la nécessité de mettre en place des « normes et une certification » concernant cette ressource.
L’Inde vise une large exportation d’hydrogène renouvelable. Ainsi, elle prévoit de fabriquer cinq millions de tonnes d’hydrogène renouvelable par an d’ici à 2030. Ces quantités lui permettront de remplir ses objectifs de transition énergétique, tout en se positionnant comme un leader mondial de ce marché.
Un fort accroissement de la demande en Inde
La demande d’énergie en Inde augmente rapidement, ce qui a des répercussions importantes sur le marché mondial de l’énergie. Le gouvernement indien a fait des progrès remarquables en matière d’accès à l’électricité et de cuisson propre. Ainsi, 700 millions de personnes ont eu accès à l’électricité depuis 2000. Dans un même temps, il a lancé des processus de développement des énergies non fossiles, comme nous l’avons évoqué.
Cette demande croissante est actuellement satisfaite par diverses sources d’énergie. En dépit des progrès en énergies renouvelables, la principale source devrait rester le charbon. De plus, l’Inde continue à développer le cadre institutionnel nécessaire pour attirer les investissements requis pour satisfaire ce besoin énergétique croissant.
De surcroît, la sécurité de l’électricité s’est améliorée grâce à la création d’un système électrique national unique. De nombreux investissements ont également été faits dans ce sens. Le gouvernement indien continue de se concentrer sur la fourniture d’une énergie sûre, abordable et durable. Il vise des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables et en réduisant la pollution atmosphérique locale.
Les limites de l’effort Indien
En dépit de sa volonté de transition énergétique, l’Inde doit répondre à une demande d’électricité en constante hausse. Dans ce contexte, et en dépit des efforts, l’Inde doit se résoudre à dépendre du charbon pour les années à venir.
La dépendance au charbon
L’Inde est actuellement fortement dépendant du charbon pour répondre à la forte demande d’électricité. Le charbon représente actuellement près de 75 % de la production d’électricité du pays. De plus, le pays est confronté depuis plusieurs semaines à une pénurie de ce combustible fossile. De nombreuses coupures d’électricité ont par ailleurs eu lieu dans tous le pays sur cette période. Ces incidents ont notamment impacté la productivité des entreprises du pays.
Ainsi, si l’Inde vise un objectif de transition énergétique, elle doit également trouver des solutions à moyen terme concernant sa consommation de charbon. Des responsables russes et indiens se sont rencontrés la semaine dernière pour tenter de sortir de cette impasse. Ils doivent convenir d’un accord pour assurer une livraison efficace aux industries indiennes. Le secteur de la sidérurgie est le plus touché par cette crise.
Quelles solutions pour l’Inde ?
L’Inde avait prévu de doubler ses importations russes pour atteindre environ 9 millions de tonnes cette année. Les importations représentent environ 85 % des besoins globaux de l’Inde en charbon à coke, qui s’élèvent à 50-55 millions de tonnes par an. New Delhi a signé, l’année dernière, un accord pour importer de Russie.
Toutefois, des complications liées au traitement des paiements et à la logistique en raison des sanctions contre la Russie ont émergé. Cela pousse les aciéries à opter pour d’autres sources, notamment en provenance d’Australie et des États-Unis. Néanmoins, cette mesure a pour effet de faire grimper les prix de la ressource.
L’Australie, premier fournisseur de charbon à coke de l’Inde, a augmenté ses prix de 200 à 700 dollars par tonne cette année. Dans le même temps, les importations en provenance de Russie se sont taries. En conséquence, des responsables du gouvernement indien et des dirigeants de JSW Steel ont rencontré une délégation russe à New Delhi vendredi.
La délégation russe a demandé à des représentants indiens de se rendre à Moscou pour déterminer comment assurer des livraisons sans heurts de charbon à coke. En échange, Steel Authority of India (SAIL) a demandé une meilleure couverture d’assurance pour les livraisons.
Rappelons que l’Inde n’a pas imposé de sanctions à la Russie suite à son invasion de l’Ukraine. Elle s’est également abstenue lors d’un vote des Nations unies la condamnant.
En définitive, l’Inde reste aujourd’hui très largement dépendante du charbon, et rencontre des difficultés dans son approvisionnement. Ce contexte pourrait représenter une motivation supplémentaire à accélérer les efforts de transition énergétique.
Ainsi, l’Inde est en sur la bonne voie selon l’IRENA. Néanmoins, ces objectifs sont à long terme. Il faudra plusieurs années à l’Inde pour mettre en place l’ensemble de son réseau d’énergies renouvelables. Cependant, c’est sans aucun doute un secteur d’avenir en Inde, qui pourrait permettre d’assurer la sécurité énergétique du pays dans les années à venir, tout en réduisant sa dépendance au charbon.