Le 17 mars 2025, un incendie a touché l’un des oléoducs majeurs du Nigeria, le Trans Niger Delta Pipeline (TNP), un conduit essentiel pour le transport du pétrole brut dans le pays. L’incendie s’est déclaré à la frontière des communautés de Kpor et Bodo, dans la région du Delta du Niger, et a été repéré lors d’une patrouille nocturne de routine par la police de l’État de Rivers. La compagnie Shell Petroleum Development Company (SPDC), opérant l’oléoduc, a immédiatement été informée et a mis en place des mesures de sécurité, notamment la fermeture du pipeline pour limiter les risques. La police a assuré que la situation était sous contrôle, sans préciser l’ampleur des dégâts matériels ou environnementaux.
La gestion du pipeline et son contexte
Le Trans Niger Delta Pipeline, qui transporte le pétrole brut des champs onshore du sud du Nigeria vers le terminal d’exportation de Bonny, représente une infrastructure stratégique pour l’industrie pétrolière du pays. Cependant, le contrôle de l’oléoduc a récemment été transféré à Renaissance Africa Energy, un consortium composé de la société Petrolin, dirigée par l’homme d’affaires Samuel Dossou-Aworet, et de plusieurs sociétés pétrolières nigérianes. Cette transition fait suite à l’acquisition des actifs onshore de Shell dans la région, finalisée la semaine précédente. Cette évolution pourrait impacter la gestion future de cette infrastructure cruciale.
Problématiques récurrentes de sécurité et de maintenance
La région du Delta du Niger est fréquemment le théâtre de fuites de pétrole et de sabotages. Les causes sont multiples, incluant un manque d’entretien des oléoducs ainsi que des actes criminels, souvent liés à des groupes armés ou à des résidents locaux qui siphonnent le pétrole pour le raffiner illicitement. Ces fuites sont également alimentées par des actes de vandalisme. Entre 2018 et 2023, l’agence nationale nigériane de détection et d’intervention en cas de déversements d’hydrocarbures (NOSDRA) a répertorié près de 3.870 déversements de pétrole, principalement dans cette région. Ce phénomène expose le pays à des risques environnementaux et économiques considérables.
Un impact économique et social marqué
Le Delta du Niger, riche en hydrocarbures, demeure une zone paradoxale, où la pauvreté prédomine malgré les vastes ressources pétrolières. Les communautés locales dénoncent régulièrement la négligence des grandes compagnies pétrolières, qu’elles accusent de contribuer à la pollution de l’environnement sans en tirer de bénéfices économiques directs. De nombreuses zones de pêche et d’agriculture, jadis des sources importantes de revenus, ont été dévastées par les marées noires répétées. La communauté de Bodo, par exemple, poursuit actuellement Shell en justice pour des déversements de pétrole datant de 2008, une affaire qui n’a pas encore trouvé de résolution devant les tribunaux britanniques.