Les coûts élevés de l’énergie sont en partie la conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le directeur de l’International Energy Agency (IEA), Fatih Birol, déclare qu’ils ne doivent pas servir à verrouiller une nouvelle vague d’investissements dans les combustibles fossiles qui risquent de créer des risques commerciaux et climatiques importants à l’avenir.
Des investissements dans les énergies fossiles favorisés selon l’IEA
Fatih Birol estime toute dépense en amont à court terme doit être équilibrée avec la nécessité d’une croissance plus forte dans les énergies propres et renouvelables. Bien que la réponse immédiate à la perte du pétrole et du gaz russes sur les marchés mondiaux doive inclure la mise en service de la capacité de réserve là où elle existe. Lors du World Economic Forum de Davos, le directeur de l’IEA souligne :
« Mon inquiétude est que certaines personnes puissent utiliser l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme une excuse pour une nouvelle vague d’investissements à grande échelle dans les combustibles fossiles…. Mon inquiétude est que cela ferme à jamais la porte pour atteindre nos objectifs climatiques…. Et ce ne sera peut-être pas un investissement lucratif. Même si les pays font 50 % de ce qu’ils disent [en ce qui concerne les objectifs d’émissions nettes nulles], ces investissements dans les combustibles fossiles pourraient être inutilisés à l’avenir. »
Néanmoins, il note que la mise en service de nouvelles découvertes de pétrole nécessite des années. Le directeur de l’IEA déclare que le monde doit choisir entre une transition énergétique propre et des coûts énergétiques à court terme :
« Je comprends que la priorité actuelle est de régler le problème de la sécurité énergétique. Mais nous ne devons pas oublier que l’une des raisons pour lesquelles nous avons des prix aussi élevés : c’est la canicule, résultant du changement climatique. »
Les énergies renouvelables manqueront d’investissements ?
Toutefois, les commentaires de M. Birol interviennent également deux mois après la déclaration de la secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm. Elle a déclaré que son gouvernement exhortait son secteur pétrolier et gazier à maximiser immédiatement sa production en réponse à la crise découlant de l’invasion de l’Ukraine.
Par ailleurs, les principaux producteurs de pétrole que sont l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, ainsi que certaines banques d’investissement, ont mis en garde contre une nouvelle hausse des prix du pétrole et du gaz. Ceci en raison d’un décalage croissant entre les besoins énergétiques actuels et le retrait de nombreux grands groupes énergétiques occidentaux. Ceux-ci préfèrent investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers en amont.
L’IEA estime qu’aucun nouvel investissement dans le pétrole et le gaz ne devrait être sanctionné. Ceci afin que le monde atteigne ses objectifs climatiques d’ici 2050. Selon le scénario de l’IEA sur l’énergie nette zéro, la demande de pétrole devrait chuter à 25 millions de barils par jour d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs climatiques.
Dans son dernier rapport mondial sur l’énergie à long terme, l’IEA a toutefois mis en garde contre une volatilité croissante. Celle-ci résulte de la baisse des dépenses consacrées à de nouveaux projets après l’effondrement des prix en 2014-2015 et en 2020. Ainsi, elle avait appelé à investir dans des politiques axées sur la demande. Telles que l’adoption de véhicules électriques, l’efficacité et les énergies renouvelables.