La croissance de la demande mondiale en pétrole, historiquement portée par la Chine, ralentit considérablement. L’International Energy Agency (IEA) annonce que la croissance de la demande devrait désormais rester sous les 1 million de barils par jour (b/j), un chiffre bien en deçà des prévisions passées qui oscillaient entre 1,5 et 2 millions de b/j. Ce ralentissement est principalement attribuable à la décélération de l’économie chinoise, autrefois un des moteurs de la consommation de pétrole à l’échelle mondiale.
Fatih Birol, directeur exécutif de l’IEA, souligne que la Chine représentait plus de 60 % de la croissance de la demande mondiale en pétrole au cours de la dernière décennie. Cependant, la deuxième économie mondiale affiche désormais une croissance annuelle avoisinant les 4 %, bien loin des performances à deux chiffres observées il y a encore quelques années. Ce déclin économique se reflète directement dans la révision à la baisse des prévisions de consommation de pétrole à court et moyen terme.
Production mondiale en hausse malgré le ralentissement de la demande
Si la demande de pétrole croît à un rythme plus lent, la production mondiale, elle, continue de progresser. Selon les analystes de S&P Global Commodity Insights, la production non-OPEC (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) devrait augmenter de 1,55 million de barils par jour d’ici le premier trimestre 2025. Cette hausse est tirée en grande partie par le « quartet américain » composé des États-Unis, du Canada, du Brésil et de la Guyane. Ces pays, grâce à leurs projets d’extraction et de production, contribuent à maintenir une offre élevée, créant ainsi une pression à la baisse sur les prix du pétrole.
Le Canada, en particulier, se distingue avec une augmentation projetée de 315 000 barils par jour d’ici début 2025. Cette croissance est liée à la reprise des activités dans les sables bitumineux, après les maintenances effectuées au cours du deuxième trimestre 2024. Parallèlement, des projets de désengorgement des infrastructures de production canadiennes permettent d’augmenter encore les capacités d’exportation, renforçant ainsi la dynamique positive de l’offre.
Un impact direct sur les prix du brut
Les effets combinés du ralentissement de la demande et de la hausse de la production mondiale se font déjà sentir sur les marchés financiers. Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en novembre a baissé de 63 cents pour s’établir à 70,37 USD. Cette baisse est principalement due aux perspectives économiques moroses aux États-Unis et en Europe, où les indices manufacturiers sont en recul.
L’offre excédentaire contribue également à contenir les prix malgré les tensions géopolitiques, notamment en Libye et au Moyen-Orient. Ces régions, bien que confrontées à des interruptions de production liées à des conflits internes, n’ont pas suffi à inverser la tendance baissière des prix du brut.
Des perspectives pour les producteurs non-OPEC
Dans ce contexte, les producteurs non-OPEC jouent un rôle de plus en plus central dans l’équilibre du marché. L’augmentation continue de la production au Canada, aux États-Unis, au Brésil et en Guyane permet de compenser les baisses de production observées dans certaines régions du monde. Les États-Unis, avec leur secteur pétrolier dynamique, continuent d’être un acteur clé sur la scène énergétique mondiale, renforçant leur indépendance énergétique tout en inondant le marché de nouveaux volumes.
Le Brésil, de son côté, poursuit le développement de ses champs pétroliers offshore, tandis que la Guyane, encore émergente, voit ses perspectives de production grimper avec les nouveaux projets d’exploration. Ensemble, ces pays apportent une contribution essentielle à l’offre mondiale, garantissant ainsi une stabilité relative du marché pétrolier en dépit des aléas géopolitiques.