L’hydrogène fait partie intégrante des stratégies des pays européens pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce, pour répondre aux engagements pris en matière de neutralité carbone à horizon 2050. Une analyse du Oxford Energy Institute révèle toutefois que différents motifs et projets animent ces pays européens.
L’hydrogène, nouveau moteur de développement européen
Une stratégie européenne, des stratégies nationales
L’hydrogène fait l’objet d’une stratégie de l’Union Européenne (UE) depuis juillet 2020 intitulée Une stratégie de l’hydrogène pour une Europe climatiquement neutre. Celle-ci est directement liée à la Stratégie d’intégration du secteur énergétique.
Certains pays ont même approfondi le processus d’engagement par des stratégies nationales. Six pays européens se distinguent : la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie. Ces stratégies comportent des différentes, notamment quant au développement de l’hydrogène vert issu des énergies renouvelables.
L’hydrogène vert pour la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Italie
Il est vrai que ces six pays européens ont tous l’ambition d’accroître la production et l’utilisation d’hydrogène propre. L’électrolyse est le processus de production optimal, mais ne représente actuellement qu’1% de la production d’hydrogène dans ces pays. Malgré le coût important que cela représente, certains pays souhaitent tout de même investir davantage dans ce moyen de production. Notamment, la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Italie.
L’hydrogène bleu pour les Pays-Bas
Mais leur position optimiste risque d’être réévaluée. Lorsque les obstacles financiers à long-terme pour le développement de l’hydrogène vert deviendront apparents. C’est pourquoi d’autres pays européens, comme les Pays-Bas, optent pour l’instant pour le développement de l’hydrogène « bleu ». Si cet hydrogène est issu du gaz naturel, il est dit « bleu », car le carbone émis par sa production est par suite capturé et stocké.
L’hydrogène violet pour la France
Un autre type de production peut également être implémenté en France, pays attaché à son industrie nucléaire. Certains scientifiques préconisent d’alimenter par électricité nucléaire les processus d’électrolyses pour produire de l’hydrogène propre. Ce serait, dans ce cas, un hydrogène produit sans émissions de carbone, appelé hydrogène « violet ».
L’hydrogène, moteur technologique
De façon corrélée, promouvoir la production et l’utilisation d’hydrogène neutre en carbone participe au développement des performances technologiques d’un pays. Cela peut lui procurer un label d’excellence pour exporter dans le secteur technologique plus globalement. C’est tout l’intérêt du développement de l’hydrogène pour l’Allemagne qui souhaite devenir l’un des leaders, si ce n’est le leader du secteur. La dimension technologique est l’un des moteurs principaux de l’Allemagne sur la voie pour l’hydrogène propre.
Défi d’équilibrage entre offre et demande
Facteur de variation dans la balance commerciale
Certains pays, comme l’Allemagne, restent réalistes dans cette quête de l’hydrogène propre : ils auront besoin d’importer de l’hydrogène. L’Allemagne ne pourra répondre à la demande intérieure en hydrogène propre par sa seule production domestique. Le pays met donc en place une stratégie internationale, notamment sur l’importation des ressources nécessaire à son développement.
À l’opposé, des pays comme l’Espagne et la Grande-Bretagne pourront se permettre d’exporter leurs surplus d’hydrogène vert produit. Cela grâce aux larges quantités disponibles d’énergie solaire et éolienne à prix bas pour répondre à leur demande énergétique intérieure.
L’Italie, elle, pense pouvoir devenir un hub pour les importations européennes d’hydrogène en provenance de l’Afrique du Nord. Mais les prévisions de capacité de production d’hydrogène propre dans cette région restent encore peu fiables.
Une diversification nécessaire des utilisations de l’hydrogène propre
La majeure partie de la demande en hydrogène provient des industries d’ammoniac et des raffineries. L’Allemagne et la Grande-Bretagne incubent la plus importante demande en hydrogène (50 TWh d’hydrogène par an). Décarboner ces industries grâce au développement des techniques de stockage du carbone se révèle donc être une priorité pour eux.
Les différents plans nationaux, de plus, mettent en évidence la nécessité de faire pénétrer l’hydrogène propre dans d’autres secteurs économiques. Quand divers secteurs s’habitueront à l’hydrogène vert (les transports, la construction), au long terme, l’hydrogène s’implantera dans nos mix énergétiques.
Pour l’instant, la priorité en Europe sera de décarboner les processus de production d’hydrogène déjà existants. Il faudra donc accessoirement résoudre les problèmes de coûts et d’ampleur de ce type de production. Enfin seulement, les pays devront se pencher sur l’utilité de l’hydrogène vert dans de nouveaux secteurs.