Les personnes d’influences et autres intéressés de l’hydrogène se sont déplacés à Barcelone le 17 et 18 mai 2022. Pour cause, la première assemblée et exposition mondiale de l’hydrogène renouvelable se tenait dans la cité catalane. À cette occasion, le président de la Green Hydrogen Organisation (GH2) en a profité pour annoncer le développement d’une norme dédiée aux projets d’hydrogène renouvelable.
Une certification en plusieurs étapes
Baptisée The Green Hydrogen Standard, ou GH2 standard, cette norme servira à certifier la fiabilité et la qualité des projets liés à l’hydrogène renouvelable. L’éligibilité et la conservation de ce label se fera via 6 étapes décrites dans un communiqué.
Dans un premier temps, le projet devra être conforme aux différents principes liés à la norme. Selon GH2, ils sont au nombre de 7 et concernent les points suivants :
- La vision sur le long terme et les perspectives du projet
- L’engagement des parties prenantes et l’approbation du gouvernement
- La viabilité de la localisation et son design
- L’impact social
- L’impact environnemental
- La sécurité sanitaire
- La gouvernance, la transparence et la responsabilité venant des différents acteurs du projet.
Par ailleurs, les 5 autres étapes nécessaires sont la présence d’une « Independent Assurance Provider » délivré par GH2. Ensuite, la possible délivrance de la norme sera jugée lors d’une consultation et d’un débat public. Enfin, l’accréditation puis la certification se feront, les projets concernés devront cependant refaire valider cette dernière chaque année.
Stimuler l’investissement autour de l’hydrogène renouvelable
Au 31 décembre 2022, la Green Hydrogen Organisation « publiera des notes d’orientation sur les procédures et des termes référence » dans un rapport. Le processus d’obtention des premières certifications sera éclairci d’ici au 30 juin, selon un communiqué officiel. Le but premier de cette dernière étant de promouvoir l’hydrogène renouvelable en relançant les investissements liés au carburant.
Selon S&P Global Commodity Insights, Malcolm Turnbull, ancien premier ministre australien et président de la GH2, aurait déclaré le 17 mai dernier à Barcelone :
« Pour arriver à un taux net zéro, nous devons arrêter de brûler des combustibles fossiles […]. C’est une chose évidente qui est si souvent négligée. Nous devons arrêter de brûler du charbon et du gaz. Nous ne pouvons pas le faire sans hydrogène renouvelable. »
Ce dernier a également déclaré qu’il comptait travailler avec un socle commun composé de la grande majorité des acteurs locaux. Que ces derniers soient privés ou public, M. Turnbull compte réunir tous les décideurs pouvant influer positivement sur l’évolution de l’hydrogène issue des énergies renouvelables. Lors de l’assemblée et exposition mondiale de l’hydrogène renouvelable à Barcelone, Jonas Moberg, PDG de GH2, déclare ceci :
« La transparence et la collaboration sont des principes fondamentaux du travail de GH2. […] Nous sommes impatients de travailler avec les gouvernements, l’industrie et la société civile sur la mise en œuvre et le perfectionnement de cette norme. »
Un effort commun vers la transition énergétique
GH2 a qualifié la création du Green Hydrogen Standard comme « un premier effort mondial » vers le développement massif de ce carburant. Le développeur de projets explique que le passage à l’hydrogène renouvelable pourrait grandement aider à la lutte pour le climat. Selon M. Turnbull, il pourrait décarboner des industries telles que l’acier, responsables de 9% des gaz à effet de serre.
Certains pays prévoient aussi d’importants projets logistiques autour de l’hydrogène. La UK National Grid prévoit l’installation de pipeline d’hydrogène au nord-ouest du Royaume-Uni à partir de 2026. Quand une entreprise australienne souhaite transformer une ancienne mine de charbon américaine en une installation de production d’hydrogène renouvelable.
Actuellement, la lutte pour la décarbonation de ces secteurs est une problématique centrale des industriels. Pour prétendre à la neutralité carbone, l’étude des projets de captation et de stockage du carbone est également forte. Ces derniers visent ainsi à récupérer, traiter et stocker le dioxyde de carbone produit par les usines et autres sites polluants.
L’espoir important autour de l’hydrogène renouvelable
Pour que le Green Hydrogen Standard deviennent une norme de qualité, la GH2 a mis en place des critères liés à la fabrication. Selon S&P Global , elle vise de l’hydrogène produit par l’électrolyse de l’eau avec une énergie renouvelable à 100 % ou presque. Les projets devront par ailleurs fonctionner à moins de 1 kg/CO2e par kg d’hydrogène, selon GH2.
Dan Feldman, spécialiste de développement et de financement de projets chez Shearman & Sterling, déclare que la norme pourrait constituer un « coup de pouce massif. » Il explique notamment qu’elle aiderait aux financements, étant donné le manque actuel de réglementation de l’industrie.
Andrea Guati Rojo, responsable des relations avec les parties prenantes à l’Ammonia Energy Association, partage cet avis. Selon des propos rapportés par S&P Global Commodity Insights, la norme pourrait booster la disponibilité et de la crédibilité de l’hydrogène et de l’ammoniac renouvelable, selon lui. Il développe son propos ainsi :
« Ce n’est pas futuriste, c’est quelque chose qui se passe maintenant. La décarbonation de la chaîne d’approvisionnement est un enjeu d’actualité. Les consommateurs ont besoin de connaître l’intensité carbonique du produit. »