Lancé dans la course à l’hydrogène renouvelable, Engie va majoritairement produire à l’étranger ces prochaines années, là où les coûts de production sont moins élevés, pour atteindre ses objectifs 2030, a fait savoir le groupe jeudi.
En France, produire un kilogramme de ce gaz renouvelable, dont l’utilisation permettrait au secteur de l’industrie et des transports de moins polluer, coûte actuellement six euros, contre 2,5 euros au Chili.
L’électricité renouvelable, nécessaire à la production de cet hydrogène, y est en effet nettement moins coûteuse.
Pour rester bon marché et atteindre son objectif de capacité de production de 4GW à horizon 2030, l’énergéticien français va donc produire en grande partie à l’étranger, a détaillé jeudi sa directrice générale Catherine MacGregor.
Un quart de la capacité de production devrait être localisé en Europe et le reste dans des “régions avantagées par la nature, où l’énergie renouvelable est plus abondante et beaucoup moins chère” telles que le Moyen-Orient, le Brésil ou le Chili, a précisé Sébastien Arbola, directeur général adjoint du groupe.
Cette diversification permettra de “ne pas avoir de surdépendance auprès d’un seul fournisseur”, a assuré Mme MacGregor, alors que les difficultés d’approvisionnement en pétrole et en gaz liées à la guerre en Ukraine ont démontré la fragilité énergétique européenne.
Engie inaugurait jeudi auprès de la presse la “H2 Factory” dans son centre de recherche et développement à Stains (Seine-Saint-Denis), visant à améliorer la performance et réduire les coûts de production de son hydrogène “bas carbone”.
A cette occasion, Catherine MacGregor a regretté l’absence de “politique énergétique unique” en Europe où chaque pays va de sa propre réglementation.
Pour Claire Waysand, économiste et secrétaire générale du groupe Engie, il faudrait des “subventions à court terme” et une régulation “suffisamment pragmatique pour pouvoir développer rapidement des projets” sur le sol européen, comme c’est le cas aux États-Unis.
L’hydrogène “gris”, généré à partir d’énergie fossile, frôle actuellement les trois euros du kilogramme, contre deux euros le kilo avant la crise énergétique.
La France a investi neuf milliards d’euros dans la stratégie hydrogène via les plans France Relance et France 2030.