Le développement des capacités de production d’hydrogène décarboné en France devrait suivre le scénario le plus ambitieux imaginé en 2021 par la filière, avec plus 250 projets recensés et 225 stations de recharge pour véhicules d’ici 2025, a indiqué mercredi France Hydrogène.
“Les projets recensés totalisent une consommation d’hydrogène renouvelable et bas carbone d’environ 1,07 million de tonnes par an à 2030 en France, soit des volumes supérieurs à ceux des objectifs de la Stratégie nationale hydrogène et similaires à ceux du scénario Ambition+ 2030″, selon une étude de trajectoire publiée par l’association, en marge d’une matinée de conférences.
La plupart des projets visent un usage industriel de l’hydrogène (815.000 tonnes), loin devant son utilisation dans les transports (230.000 tonnes) ou pour l’alimentation d’usagers hors réseau électrique ayant besoin d’un système d’énergie de secours ou en site isolé (25.000 tonnes).
Hormis 24 projets concentrant 80% des volumes d’hydrogène, 70% des projets font moins de 3 MW.
“Maintenant, on est dans la phase d’implémentation, du moins c’est celle qu’il faut attaquer”, a souligné Philippe Boucly, président de France Hydrogène.
Côté mobilité, la filière anticipe “l’ébauche d’un premier maillage national” de 225 stations de recharge d’ici 2025, selon M. Boucly. Une autre étude en cours “parle de 800 à 1.000 stations à l’horizon 2030 pour des véhicules légers particuliers et utilitaires, et surtout pour des poids lourds”, a-t-il dit.
“On a en France de l’ordre de 400 véhicules à hydrogène qui roulent. L’objectif c’est 450.000 à l’horizon 2030″, a dit M. Boucly.
L’hydrogène peut être produit par divers procédés, notamment à partir de la biomasse. L’électrolyse de l’eau est cependant “très largement privilégiée par les acteurs de la filière”, une option qui nécessitera beaucoup d’électricité: produire 1 million de tonnes d’hydrogène en 2030 exigera plus de 50 TWh, soit 10% de la consommation totale d’électricité prévue à cette date par le gestionnaire du réseau RTE, selon l’étude.
Présent mercredi, le ministre de l’Industrie Roland Lescure a rappelé que le 8 novembre, l’Elysée avait donné six mois au gouvernement pour rédiger une stratégie en termes de cadre réglementaire et d’accès aux subventions publiques.
L’exécutif voit dans l’hydrogène une technologie clé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie. La filière réclame pour sa part des simplifications administratives pour se passer d’évaluation environnementale pour produire en dessous d’un certain seuil et stocker davantage.
“Nous devons raisonner en termes d’économies d’échelle pour mettre à disposition des industriels un hydrogène le plus compétitif possible”, a déclaré le ministre, en assurant qu’il se préoccupait de faire en sorte que les grands électrolyseurs puissent conclure des contrats de long terme compétitifs, notamment avec EDF.