L’hydrogène bleu dérivé des combustibles fossile est une « mauvaise réponse » à la décarbonation selon le Président de l’association britannique de l’industrie de l’hydrogène qui vient de démissionner.
L’hydrogène bleu, une « distraction coûteuse »
Chris Jackson, PDG et fondateur de Protium Green Solutions, démissionne de son poste à la UK Hydrogen and Fuel Cell Association. Cette démission survient un jour avant que le Royaume-Uni ne dévoile sa stratégie en matière d’hydrogène. Celle-ci soutient à la fois l’hydrogène vert, produit à partir d’énergie renouvelable par électrolyse, et l’hydrogène bleu, produit à partir de gaz naturel avec capture et stockage du carbone.
« Dans 30 ans, les générations qui nous suivront demanderont à tous ceux qui travaillent aujourd’hui dans le secteur de l’énergie ce que nous avons fait pour empêcher la catastrophe climatique à venir », déclare M. Jackson dans un post LinkedIn annonçant sa démission.
« Et je crois passionnément que je trahirais les générations futures en restant silencieux sur [le] fait que l’hydrogène bleu est au mieux une distraction coûteuse, et au pire un verrouillage pour une utilisation continue des combustibles fossiles qui garantit que nous ne parviendrons pas à atteindre nos objectifs de décarbonation. »
Une remise en question croissante de l’hydrogène bleu
Des chercheurs des universités Cornell et Stanford ont indiqué dans un rapport que la combustion d’hydrogène bleu pour le chauffage produit 20% d’émissions de GES en plus comparé à l’utilisation de gaz naturel classique. En Allemagne, un conseil consultatif gouvernemental a recommandé en juin que le pays évite la production d’hydrogène bleu, car elle n’est pas durable. La stratégie nationale allemande en matière d’hydrogène est axée sur l’hydrogène vert, mais envisage également l’utilisation de l’hydrogène bleu dans certains secteurs à forte intensité énergétique.
Au contraire, les partisans de l’hydrogène bleu affirment que ce carburant permettra une meilleure transition de l’hydrogène gris à l’hydrogène vert. Celia Greaves, PDG de la HFCA britannique, a salué l’approche « double » du Royaume-Uni, en faveur de l’hydrogène vert et de l’hydrogène bleu, qui aidera le pays à « se décarboner plus rapidement ». La stratégie de l’UE met déjà l’accent sur des solutions à base d’hydrogène bas carbone, le considérant comme nécessaire à moyen terme pour réduire les émissions.
« Nous pensons que l’hydrogène bleu est un moyen extrêmement efficace de décarboner l’économie », a déclaré Tony Ballance, responsable de la stratégie et de la réglementation chez Cadent Gas. « Les nouveaux systèmes de capture et de stockage du carbone permettront de capturer environ 97% des émissions de CO2 », a-t-il ajouté.
La stratégie britannique dépendante de l’hydrogène bleu
De même, l’objectif du Royaume-Uni de développer 5 GW d’hydrogène bas carbone d’ici à 2030, soit 1,31 million mt/an, pourrait ne pas être réalisable sans hydrogène bleu. En effet, une stratégie exclusivement axée sur l’hydrogène vert nécessite une capacité en énergies renouvelables très conséquente.
Selon Platts Analytics, les projets d’hydrogène vert du Royaume-Uni ne représentent que 44.000 tonnes de capacité de production annuelle. Les projets d’hydrogène bleu, quant à eux, représentent 2,26 millions de tonnes par an.
Mais finalement, comme souligné par Graham Cooley, PDG d’ITM Power, la seule voie pour atteindre le net-zéro reste l’hydrogène vert, alimenté par des énergies renouvelables.