L’hydroélectricité aux États-Unis représente plus de 90.000 barrages, dont certains sont parmi les plus grands barrages du monde. En revanche 6.000 barrages sont vieillissants et considérés comme « à haut risque » en termes de sécurité.
L’hydroélectricité aux États-Unis : une affaire de maintenance
Beaucoup de barrages aux États-Unis ont dépassé leur durée de vie et devraient être supprimés pour rendre aux rivières leur état naturel. Mais l’hydroélectricité représente 6% de la production d’électricité aux États-Unis et plus de 90% de la capacité de stockage électrique.
L’administration Biden et le Congrès se montrent favorables à la contribution de cette source d’énergie à l’effort de décarbonatation du pays. Le budget de $3,5 trillions qui suit se prendra probablement en compte la rénovation de ces barrages.
Des facteurs suggèrent qu’une augmentation majeure de la capacité hydroélectrique américaine sera tout de même difficile à réaliser. C’est donc un moment charnière pour cette source d’énergie qui s’avère tout de fois efficace et propre. En cours des prochaines décennies, l’hydroélectricité aux États-Unis sera une histoire de préservation et de maintenance, plutôt que de croissance.
1490 MW en développement
La capacité hydroélectrique aux États-Unis a augmenté régulièrement, bien que modestement, au cours de la dernière décennie. Le Ministère de l’Énergie (DOE) a indiqué en janvier 2021 que la capacité avait augmenté de 431 MW nets entre 2017 et 2019.
Cela grâce à des augmentations de capacité dans les installations existantes et à de nouvelles centrales dans les conduites et les canaux. Cette dernière augmentation représente un gain d’à peine plus de 2% par rapport aux près de 80 GW de capacité hydroélectrique du pays.
À la fin de 2019, le DOE a déclaré que 1490 MW supplémentaires, issus de 217 projets, étaient dans le pipeline de développement américain.
Des investissements fédéraux plus que nécessaires
Le maintien de l’hydroélectricité aux niveaux actuels nécessitera des investissements importants. Des organisations ont demandé à l’administration d’investir 63 milliards de dollars sur 10 ans pour préserver la plupart des barrages hydroélectriques existants du pays.
Il faudrait restaurer 38000 km de rivières qui ont été affectées par des barrages. Grâce à la modernisation des installations et à de nouvelles constructions, ce plan maintiendrait la capacité hydroélectrique au niveau actuel. C’est-à-dire environ 80 GW d’électricité et 23 GW de stockage hydroélectrique par pompage.
Les États-Unis comptent un nombre sans précédent de barrages qui doivent faire l’objet d’une nouvelle autorisation en raison de leur âge. Selon une étude réalisée en 2019, l’âge moyen des 90 000 barrages des États-Unis est de près de 60 ans.
Des contraintes climatiques et écologiques
Bien que le soutien politique soit fort, le secteur hydroélectrique américain est confronté à des défis à long terme. Notamment la gestion de la capacité en cas de sécheresse et de la prise en compte de la biodiversité.
L’Ouest des États-Unis en proie aux sècheresses
Les ambitions de maintenir la capacité hydroélectrique se heurtent à la réalité d’un approvisionnement en eau insuffisant dans l’ouest des États-Unis.
La Californie est peut-être le point zéro de ce phénomène. Au cours des années 2010, cet État a produit entre 7 et 19 % de son énergie à partir de l’hydroélectricité. Cette grande variation indique l’impact que les conditions de sécheresse peuvent avoir dans l’État.
Cette année, 100 % de la Californie a été déclarée comme atteignant des conditions de sécheresse. L’Energy Information Administration (EIA) a indiqué que la production d’hydroélectricité de la Californie pour 2021 devrait être en baisse de 19%. Par rapport à 2019 la production du 1er trimestre 2021 a diminué de 71% par rapport au premier trimestre 2019.
Par exemple, la centrale californienne Edward Hyatt, dépend de l’eau du barrage du lac Oroville. Elle devrait s’arrêter en août en raison du faible niveau des eaux, selon le département californien des ressources en eau. Il s’agirait de la première fermeture de la centrale depuis sa mise en service en 1967.
La protection de biodiversité met en péril l’hydroélectricité
Un mouvement croissant se développe aux États-Unis en faveur de la démolition des barrages (hydroélectriques ou non). Ses partisans veulent rétablir le débit naturel des rivières et de protéger la biodiversité. Le 17 juin, la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) a approuvé un transfert de licence de barrage qui permettra la suppression de quatre barrages.
Cela constitue le plus grand projet de suppression de barrage jamais entrepris aux États-Unis. Les défenseurs du projet de suppression ont invoqué les dommages causés aux remontées de saumons et les tribus amérindiennes concernées. Les quatre barrages ont des permis de démolition en cours et pourrait commencer en 2023. Les premières projections de coûts sont de 434 à 450 millions de dollars
L’hydroélectricité : l’alliée contre les émissions de carbone
L’hydroélectricité apporte une fiabilité essentielle à une économie américaine qui cherche à réduire les émissions de carbone grâce aux énergies renouvelables. Le gouvernement fédéral tient à garder cette source d’énergie pérenne.
Toutefois, des obstacles se sont mis sur la route de cette source d’énergie renouvelable qu’il s’agisse d’obstacles climatiques ou sociétaux. L’énergie hydroélectrique est donc à la croisée des chemins et son avenir au 21ème siècle est très incertain aux États-Unis.