La France a “pris note” vendredi de l’accord de prospection d’hydrocarbures dans les eaux libyennes signé avec la Turquie, le jugeant “pas conforme au droit international de la mer”.
La position de Paris sur ce “mémorandum d’entente (…) reste inchangée”, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. “Celui-ci porte atteinte aux droits souverains d’États membres de l’Union européenne, n’est pas conforme au droit international de la mer et ne peut avoir de conséquences juridiques pour les États tiers”.
Le mémorandum, signé lundi lors de la visite à Tripoli d’une délégation turque de haut niveau, est intervenu trois ans après la signature par les deux parties d’un accord controversé de délimitation maritime en 2019.
Forte de cet accord, la Turquie a fait valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale, au grand dam de la Grèce et de l’UE.
Chypre, la Grèce mais aussi l’Egypte estiment que l’accord de 2019 viole leurs droits économiques dans ce secteur, où la découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers a aiguisé l’appétit des pays de la région.
En contrepartie de cet accord, la Turquie avait aidé le gouvernement à Tripoli à repousser en juin 2020 l’offensive menée par les forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, pour prendre la capitale.
Ankara avait envoyé en Libye des conseillers militaires et des drones, ce qui avait permis d’infliger une série de défaites aux portes de Tripoli aux forces du maréchal Haftar, soutenu par la Russie et par des rivaux régionaux d’Ankara, notamment les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Athènes a déjà estimé que le gouvernement de Tripoli était dépourvu de “légitimité” pour sceller un tel accord. Le camp de l’Est, proche de l’Egypte, l’a lui aussi rejeté.
Depuis mars, deux gouvernements appuyés par deux camps rivaux, dans l’ouest et l’est de la Libye, se disputent le pouvoir. Le pays a sombré dans le chaos après le soulèvement qui avait entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.