Hydro-Québec prévoit une montée en puissance de la filière éolienne, avec un objectif ambitieux d’ajouter entre 1 000 et 1 500 mégawatts (MW) par an d’ici 2035. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de forte demande énergétique et de diversification du mix électrique. L’entreprise publique québécoise estime que l’éolien pourrait représenter jusqu’à 25 % de sa production d’électricité d’ici la prochaine décennie.
Un plan de développement intensif
L’an dernier, Hydro-Québec a lancé plusieurs appels d’offres pour encourager le développement de nouveaux parcs éoliens. La société vise à conclure des contrats avec des développeurs privés et des communautés locales pour exploiter le potentiel éolien de la province. Parmi les projets phares, un parc éolien de 3 000 MW est prévu dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, impliquant des investissements de plusieurs milliards de dollars.
Les partenariats avec les communautés autochtones et les municipalités locales sont au cœur de la stratégie d’Hydro-Québec. L’entreprise assure que ces collaborations permettent une meilleure acceptabilité sociale et des retombées économiques pour les régions concernées.
Des oppositions locales croissantes
Cependant, cette accélération du développement éolien rencontre une vive opposition. Plusieurs comités citoyens et organisations locales dénoncent un manque de consultation et des décisions prises sans considération suffisante pour les impacts sur les territoires et les populations. Le Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ), qui fédère plusieurs collectifs, réclame un moratoire et la tenue d’un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) générique afin d’évaluer les effets à long terme du déploiement de l’éolien au Québec.
Des préoccupations majeures concernent l’utilisation des terres agricoles, l’impact sur les écosystèmes et la distribution des bénéfices économiques. Certains agriculteurs estiment que l’installation des éoliennes accentue les inégalités foncières, tandis que d’autres s’inquiètent des effets sur les paysages et la biodiversité.
Les enjeux financiers et stratégiques
Le modèle économique adopté par Hydro-Québec suscite également des débats. Certains experts pointent du doigt la privatisation partielle de la production éolienne et craignent que les bénéfices ne profitent pas entièrement à la collectivité. La Fédération de l’UPA de Chaudière-Appalaches a notamment exprimé son inquiétude quant à l’impact du développement éolien sur l’exploitation agricole, plaidant pour un meilleur encadrement des projets.
D’un autre côté, Hydro-Québec défend son approche en mettant en avant les bénéfices de l’éolien pour l’indépendance énergétique de la province. La société insiste sur le fait que la diversification du mix énergétique est une nécessité face à la demande croissante, notamment pour alimenter les industries de haute consommation électrique, comme les centres de données et les usines de production de batteries.
Un débat qui s’intensifie
Alors que de nouveaux appels d’offres sont attendus cette année, le débat autour de l’essor éolien au Québec continue de s’intensifier. Les prochaines décisions gouvernementales et les conclusions des études environnementales en cours pourraient influencer la trajectoire de ce secteur en pleine expansion. Hydro-Québec devra composer avec des enjeux réglementaires, économiques et sociaux pour mener à bien son ambition éolienne tout en répondant aux inquiétudes des citoyens et des acteurs locaux.