Le Conseil européen se réunit les 30 et 31 mai pour débattre de la politique européenne face à la Russie. Beaucoup espèrent obtenir le soutien hongrois des nouvelles sanctions de l’Union européenne contre le producteur pétrolier. Pourtant, 3 semaines après la première proposition, la Hongrie refuse toujours l’arrêt total des importations de pétrole russe.
La Hongrie, trop dépendante du pétrole russe pour accepter l’embargo
Comme la Slovaquie, le pays s’était déjà opposé à la proposition faite le 4 mai 2022. Celle-ci prévoyait la fin des importations de pétrole russe à la fin de l’année. Néanmoins, la proposition doit être unanimement approuvée pour entrer en vigueur.
Or, la Hongrie est grandement dépendante du pétrole russe, majoritairement délivré par l’oléoduc Druzhba. En 2021, le pays aurait importé 90 000 b/j de pétrole brut russe, soit 60% de ses approvisionnements. Un embargo hongrois et slovaque ajouterait ainsi 200 000 b/j à la perte russe.
Un tel refus n’est pas une surprise
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dit s’être attendue à ce refus. Elle n’espère pas que la question soit réglée pendant les deux jours de sommet, mais qu’elle murisse dans les esprits.
« Je ne m’attends pas à ce qu’il soit résolu dans les prochaines 24h, mais je suis convaincue qu’après, il y aura une possibilité. » – Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Le blocage hongrois n’étant pas nouveau, l’Union avait déjà proposé une prolongation d’un an de l’interdiction progressive des importations de Russie. Cela concernait la Hongrie et la Slovaquie, et repoussait la date butoir de l’embargo à la fin de l’année 2023.
De nouvelles conditions actuellement discutées
Le Conseil discute actuellement d’une nouvelle proposition, prévoyant une exception pour les importations de pétrole brut à travers l’oléoduc Druzhba. Une fois acceptée, elle concernerait 2,3 millions de barils par jour d’importations de pétrole brut en six mois. L’importation de 1,2 millions b/j de produits raffinés cesserait également d’ici la fin de l’année.
« La solution de l’oléoduc n’est pas mauvaise, c’est une bonne approche. Mais nous avons besoin d’une garantie qu’en cas d’accident sur le pipeline, qui passe par l’Ukraine, nous aurions le droit d’accéder à du pétrole russe par d’autres moyens. Si nous l’obtenons, tout va bien. » – Viktor Orban, Premier ministre hongrois.
Par ailleurs, Viktor Orban souhaite un soutien financier de l’Union européenne pour renforcer la capacité de l’oléoduc croate Adria. De plus, il souhaite moderniser la raffinerie hongroise afin de traiter des substituts au pétrole brut de Russie. Dans cette optique, l’Union a déjà offert jusqu’à 2 milliards d’euros aux pays d’Europe orientale afin de réduire leur dépendance.