La Hongrie a maintenu lundi sa demande d’investissements dans le secteur de l’énergie avant d’accepter un embargo sur le pétrole russe. Le pays se heurte ainsi aux États de l’Union européenne qui font pression pour une approbation rapide de nouvelles sanctions contre Moscou pour avoir envahi l’Ukraine.
La Hongrie attend toujours une proposition de compensation
Au début du mois, la Commission européenne a proposé de nouvelles sanctions. Toutefois, l’opposition de la Hongrie empêche jusqu’à présent l’unanimité des 27 pays membres nécessaire pour les approuver.
Judit Varga, ministre hongroise de la Justice, réclame des « solutions d’abord, les sanctions ensuite ». Ceci avant les discussions de lundi à Bruxelles sur ce qui serait le sixième train de sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie. Cette déclaration va à l’encontre des appels lancés par plusieurs gouvernements en faveur d’un accord avant un sommet des dirigeants nationaux de l’UE le 30 mai.
Anna Luhrmann, parlementaire allemande, indique :
« Il est important que nous prenions rapidement une décision sur le sixième train de sanctions et que nous imposions un embargo à la Russie. »
Par ailleurs, la réunion ministérielle se penchera également sur l’aide financière à l’Ukraine. Et notamment pour la reconstruction après la fin de la guerre.
L’État magyar est à la recherche de fonds pour se sevrer des approvisionnements en pétrole de Russie
La Hongrie est fortement dépendante du pétrole russe. Le pays souligne qu’il a besoin d’environ 750 millions d’euros d’investissements à court terme pour moderniser ses raffineries et étendre un oléoduc acheminant le pétrole de Croatie. Elle a également déclaré que la conversion à plus long terme de son économie au pétrole russe pourrait coûter jusqu’à 18 milliards d’euros.
Toutefois, la semaine dernière, la Commission a offert jusqu’à 2 milliards d’euros de soutien aux pays enclavés et dépendants de l’approvisionnement russe. Cela comprend la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie. Ils se sont également vu offrir une période de transition plus longue.
La Commission a également proposé un plan de 210 milliards d’euros visant à mettre fin à la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles russes d’ici 2027. Néanmoins, elle n’a pas indiqué comment cet argent serait réparti entre les États membres de l’UE. L’une des principales altercations reste le montant que l’UE est prête à verser à la Hongrie pour adapter deux raffineries. Celles-ci ne peuvent pour l’instant traiter que du brut russe, selon les déclarations d’un fonctionnaire à Reuters.
Plusieurs pays proposent leur soutien
La Croatie apporte son soutien en se disant prête à développer son terminal GNL sur l’île de Krk. Ceci afin de contribuer aux efforts de l’UE pour se sevrer de l’énergie russe. La France, la Lituanie, la Belgique et l’Irlande ont demandé un compromis immédiat avant le sommet lors de discussions à huis clos entre diplomates européens la semaine dernière, selon les sources. Ces dernières ajoutent que la Suède a suggéré de laisser tomber l’embargo pétrolier pour aller de l’avant avec d’autres sanctions si cela s’avérait nécessaire.
Les nouvelles sanctions comprendraient l’exclusion de la Sberbank et d’autres prêteurs russes du système bancaire SWIFT. Cela comprendrait également l’inscription sur une liste noire d’un plus grand nombre de personnes tenues pour responsables de la guerre. Néanmoins, alors que le bloc peine à se mettre d’accord sur le nouveau paquet, les pays ont décidé d’ajouter d’autres noms à la liste des personnes sanctionnées. En plus de ceux proposés plus tôt en mai, indiquent des diplomates.
Dans un concert de critique à l’encontre des pays demandant une dérogation, dont la Hongrie, la Pologne a demandé l’interdiction de leur revente de produits pétroliers raffinés. Cela comprend le diesel fabriqué à partir de pétrole russe. C’est ce qu’affirment des sources à Reuters. Ainsi, cette interdiction viendrait s’ajouter à l’interdiction de revente de pétrole brut déjà prévue dans le projet de sanctions.