Les prix des quotas d’émission de l’UE (EUAs) ont connu une hausse significative, atteignant presque 77 €/tCO2e avant de retomber à environ 75 €/tCO2e le 24 mai, suite à des résultats d’enchères plus faibles. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, les contrats de livraison en décembre étaient évalués à 76,11 €/tCO2e le 23 mai, après avoir atteint leur plus haut niveau depuis le 3 janvier la veille. Cette tendance haussière est en partie due à la corrélation accrue entre les prix du carbone et ceux du gaz naturel européen. Gregory Idil, un courtier senior en carbone, a expliqué que, malgré une légère augmentation des positions courtes nettes par les fonds spéculatifs, le marché reste optimiste tant que le marché du gaz ne se stabilise pas.
Impact du gaz naturel sur les prix du carbone
Le contrat day-ahead du Dutch TTF a été évalué à 35,50 €/MWh le 23 mai, un niveau inédit depuis le 11 décembre, en raison de préoccupations liées à l’approvisionnement. Les inquiétudes concernant un potentiel arrêt des importations de gaz russe en Autriche et des maintenances imprévues sur certaines installations norvégiennes ont poussé les valeurs du TTF à la hausse. En parallèle, la demande des secteurs industriels et de la production d’électricité montre des signes de résilience. Idil a ajouté que la demande accrue des acteurs industriels, se préparant à la date limite de reddition de septembre 2024, voit les prix actuels comme relativement attractifs par rapport aux 100 €/tCO2e de l’été dernier.
Scepticisme et résultats d’enchères
Malgré la hausse des prix, certains analystes restent sceptiques quant à une poursuite de cette tendance haussière, citant des fondamentaux qui n’ont pas encore tourné au positif et une augmentation des positions courtes nettes par les investisseurs. Les résultats des enchères du 24 mai étaient également baissiers, avec 2,31 millions de permis vendus à l’enchère allemande à 72,80 €/tCO2e, contre 74,90 €/tCO2e lors de l’enchère de l’UE la veille.
Reprise des prix du carbone au Royaume-Uni
Les prix des permis d’émission britanniques (UKAs) ont atteint leur plus haut niveau depuis le 3 janvier, soutenus par un fort intérêt des acheteurs. Platts a évalué les UKAs à 44,51 £/tCO2e (56,57 $/tCO2e) le 23 mai. Le gouvernement britannique a lancé une consultation pour inclure les réductions de gaz à effet de serre (GGR) dans son système d’échange de quotas d’émission (ETS). La consultation, qui se termine le 15 août, se concentre sur cinq domaines : les principes de conception des politiques, les détails sur le plafond, la conception des allocations, la permanence et les voies d’intégration. L’autorité britannique de l’ETS a indiqué que l’intégration des GGR pourrait commencer dès 2028, bien qu’une décision sur le calendrier n’ait pas encore été prise.
Objectifs climatiques du Royaume-Uni
Le gouvernement britannique a réaffirmé son engagement envers ses objectifs climatiques malgré des performances supérieures à ses récents objectifs de réduction des émissions. Le Département pour la Sécurité Énergétique et le Net Zéro a déclaré qu’il ne reporterait pas l’excédent de son troisième budget carbone après avoir dépassé son objectif de réduction des émissions de 15 % entre 2018 et 2022.
Perspectives d’avenir
La dynamique actuelle des prix du carbone en Europe est influencée par une combinaison de facteurs économiques et géopolitiques. Alors que le marché du gaz continue de fluctuer, la corrélation avec les prix du carbone reste un facteur déterminant. Les consultations et ajustements politiques, comme ceux en cours au Royaume-Uni, joueront un rôle crucial dans l’évolution future des marchés du carbone.
La demande industrielle et les stratégies de conformité des entreprises face aux réglementations environnementales continueront de façonner le paysage des prix du carbone. Les acteurs du marché surveilleront de près les développements liés à l’approvisionnement en gaz et les politiques climatiques pour anticiper les mouvements des prix.