Haffner Energy a dévoilé la génération H6 de ses unités HYNOCA® et SYNOCA®, fondées sur la thermolyse de biomasse résiduelle et visant un coût de production d’hydrogène de 2,34 €/kg pour une installation de 5 MW. Cette technologie entend réduire les coûts d’investissement en ramenant le CAPEX à 500 €/kWth, un niveau inférieur à celui des chaudières biomasse classiques ou des centrales de cogénération. Les projections de l’entreprise interviennent alors que les politiques publiques françaises et européennes privilégient l’électrolyse pour les mécanismes d’aide et les objectifs chiffrés. Ce lancement représente un levier central dans la stratégie de financement de Haffner Energy.
Un modèle économique reposant sur la réduction du CAPEX
La société affirme que la génération H6 permettrait de diviser par trois le coût de syngas par kilowatt thermique par rapport à la version précédente. Cette optimisation repose sur une architecture simplifiée, qui doit réduire les coûts de maintenance et améliorer la disponibilité opérationnelle. Toutefois, les performances annoncées ne reposent pas encore sur des données d’exploitation consolidées, ce qui limite la visibilité pour les investisseurs. Les estimations devront être validées sur des installations pilotes, notamment en France et en Suisse.
Les partenariats engagés jouent un rôle déterminant dans la trajectoire d’investissement de Haffner Energy. Les collaborations avec LanzaJet et LanzaTech visent la production de carburants durables, tandis que les projets menés en Suisse ou aux Pays-Bas s’appuient sur des modèles territoriaux associant chaleur, syngas et hydrogène local. Ces initiatives cherchent à démontrer la polyvalence de la technologie H6 dans des segments à forte valeur ajoutée.
Un positionnement décalé par rapport aux cadres de soutien
La stratégie hydrogène européenne consacre la majorité des aides aux carburants renouvelables d’origine non biologique (RFNBO – Renewable Fuels of Non-Biological Origin), limitant les perspectives de soutien direct pour l’hydrogène issu de la biomasse. Les objectifs de capacité installée, les mécanismes de financement et les quotas appliqués aux carburants décarbonés privilégient les installations d’électrolyse adossées à l’électricité renouvelable ou nucléaire. Cette situation impose à Haffner Energy de cibler en priorité des marchés où la compétitivité repose sur les coûts intrinsèques plutôt que sur l’accès aux subventions.
Dans ce contexte, la production de syngas pour des chaînes de valeur carburants durables, incluant les e-fuels et le SAF, demeure l’un des débouchés les plus pertinents. Les mandats européens et nord‑américains en matière de carburants d’aviation créent une demande croissante qui peut soutenir l’émergence de projets intégrant la technologie H6. L’attractivité de ces projets dépendra toutefois de la disponibilité d’une biomasse durable et stable en prix.
Un lancement technologique lié à une situation financière fragile
L’entreprise évolue dans un environnement financier marqué par un avertissement sur la continuité d’exploitation émis par les commissaires aux comptes. La forte baisse du cours de l’action depuis le début de l’année a renforcé la nécessité de trouver des sources de financement alternatives. Le recours à un financement OCEANE‑BSA de 4,8 M€, reconnu comme dilutif, illustre cette stratégie d’urgence. La société présente la génération H6 comme un élément clé pour restaurer la confiance des investisseurs en démontrant une trajectoire de coûts plus compétitive.
Cette situation accroît la pression sur la conversion du carnet d’opportunités en commandes fermes. Les accords signés pour des projets en Californie, en Suisse et aux Pays-Bas restent à des stades préliminaires et nécessitent des démonstrations techniques pour franchir les étapes de décision finale d’investissement. Les investisseurs devront disposer de données opérationnelles consolidées pour évaluer la viabilité du modèle industriel proposé.
Ressources biomasse et incertitudes réglementaires
La compétitivité de H6 dépend en grande partie du coût de la biomasse utilisée, un marché déjà sous tension en raison de la demande des filières biométhane, granulés bois ou panneaux. Les partenariats conclus avec des opérateurs spécialisés dans la biomasse non alimentaire visent à sécuriser l’approvisionnement, mais comportent encore des incertitudes liées aux rendements agricoles et à l’acceptabilité des cultures dédiées. Les critères de durabilité imposés par le règlement RED III ajoutent des obligations de traçabilité importantes, susceptibles de modifier le coût final des projets.
Les installations devront également respecter des normes strictes en matière d’émissions atmosphériques et de traitement des co‑produits. Ces exigences peuvent nécessiter des investissements supplémentaires qui influencent le CAPEX réel. Dans ce cadre, l’évaluation des risques réglementaires devient un élément central pour les acteurs financiers souhaitant s’engager aux côtés de Haffner Energy.
Perspectives pour le marché et implications pour les investisseurs
Si les coûts annoncés sont confirmés, la technologie H6 pourrait être compétitive face à l’électrolyse locale pour la fourniture d’hydrogène et de chaleur renouvelable. Cette évolution pourrait influencer la structuration des contrats d’achat d’hydrogène, en particulier dans les projets territoriaux. Les investisseurs infrastructure pourraient considérer H6 comme une alternative aux petites installations biomasse traditionnelles, sous réserve d’un historique de performance solide.
Pour Haffner Energy, l’enjeu est de stabiliser sa structure financière tout en démontrant la maturité industrielle de sa technologie. La capacité à attirer des partenaires industriels de long terme constituera un indicateur clé de l’évolution du modèle économique. Le marché surveillera également la mise en œuvre d’unités H6 opérationnelles et les résultats publiés sur leur rendement, leur disponibilité et leurs coûts d’exploitation.