Le géant pétrolier américain Exxon Mobil estime qu’il devra faire face à d’énormes « pertes de revenus » si la justice du Guyana ne suspend pas une décision l’obligeant à fournir des assurances « illimitées » pour le nettoyage en cas de marée noire ou de fuites.
Le 3 mai, la Haute Cour, saisie par des défenseurs de l’environnement, a décidé que le consortium que conduit Exxon devait fournir des assurances « illimitées et non plafonnées pour tous les coûts associés » au « nettoyage et la restauration de tous les dommages causés » par l’éventuel « déversement de tout contaminant résultant de ses activités » au large du Guyana. Exxon a jusqu’à la fin du mois pour produire ces garanties sous peine de devoir stopper sa production.
Lors d’une conférence de presse vendredi, les dirigeants d’Exxon ont annoncé avoir fait appel de la décision et estimé que le manque à gagner serait de 350 millions de dollars par mois en cas de suspension de la production de 155.000 barils/jour. Exxon, qui conduit un consortium composé de China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) et de l’américain Hess, explique que la suspension de la production est aussi coûteuse car il faut maintenir un flux dans les puits.
« Nous avons déposé une demande de suspension de cette ordonnance car nous pensons que si nous ne sommes pas en mesure d’obtenir, comme cela a été ordonné, ces garanties illimitées, le permis sera évidemment suspendu conformément à cette ordonnance et nous devrons alors arrêter la production, ce qui aura des conséquences financières importantes pour tous les investisseurs, mais aussi pour le pays en termes de pertes de revenus », a indiqué le président d’Exxon Mobil Guyana, Alistair Routledge. Il a reconnu n’être pas certain de pouvoir fournir de telles garanties: « J’ai bon espoir, mais je ne sais pas. Honnêtement, nous ne contrôlons pas la situation ».
Avec une population de quelque 800.000 habitants, le Guyana, situé au nord-est de l’Amérique du Sud, dispose des plus grandes réserves mondiales per capita. Les spécialistes estiment que le bassin Guyana-Suriname recèle environ 15 milliards de barils de réserves de pétrole associées à des gisements importants de gaz.