Les projets gaziers en développement au Guyana et au Suriname suscitent un vif intérêt dans le secteur énergétique. Selon le récent rapport de Wood Mackenzie, ces deux pays d’Amérique du Sud pourraient émerger comme des acteurs notables du marché mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici les années 2030. Ce potentiel repose sur des gisements identifiés dans le cluster Haimara au Guyana et le bloc 52 (Sloanea) au Suriname, avec une réserve estimée à 13 trillions de pieds cubes (tcf) de gaz non associé.
D’après l’analyse de Wood Mackenzie, la production envisagée pourrait atteindre 12 millions de tonnes par an (mmtpa) de GNL, répondant en partie aux besoins mondiaux projetés. Cette production est estimée rentable avec un seuil de rentabilité hors frais de transport et de regazéification autour de 6 dollars par million de Btu (FOB NPV10 breakeven). Cette compétitivité s’explique par une productivité élevée des puits et l’expérience des partenaires en amont dans la commercialisation de GNL.
Une offre stratégique pour répondre aux besoins mondiaux
Le rapport souligne un déficit de 105 mmtpa en GNL d’ici 2035, nécessitant l’aboutissement de plusieurs décisions finales d’investissement (FID) à l’échelle mondiale pour combler cet écart. Les développements au Guyana et au Suriname se positionnent avantageusement dans ce contexte, avec un avantage compétitif en termes de coûts de transport pour approvisionner les marchés de la région Caraïbe et de l’Amérique du Sud. En effet, ces projets offrent une alternative viable aux approvisionnements américains et qataris, qui dominent actuellement le marché.
L’analyste Amanda Bandeira de Wood Mackenzie souligne que la croissance rapide de la capacité d’exportation des États-Unis et du Qatar pourrait se voir modérée par des restrictions temporaires aux États-Unis. En particulier, les pauses sur les nouvelles autorisations d’exportation de GNL imposées par l’administration Biden ouvrent une fenêtre pour le Guyana et le Suriname en tant que sources alternatives pour répondre à la demande en Asie du Sud-Est.
Défis et incertitudes dans la structuration commerciale
Malgré cet enthousiasme, plusieurs obstacles pourraient retarder la concrétisation des projets gaziers dans ces deux pays. Au Suriname, les conditions fiscales pour le gaz non associé ne sont pas encore finalisées. Cependant, un accord avec les partenaires du projet a été atteint pour une exemption fiscale de dix ans, favorisant le démarrage du projet dès 2031.
La situation au Guyana semble plus complexe, car les discussions autour des termes fiscaux et de la structure commerciale demeurent à un stade moins avancé. Toute divergence entre le gouvernement et les partenaires en amont pourrait retarder la production de gaz au-delà de l’échéance prévue de 2031.
Un potentiel de croissance pour la région
En tant que pays émergents dans le secteur du GNL, le Guyana et le Suriname représentent une opportunité stratégique pour la région sud-américaine et caribéenne. Outre la compétitivité des coûts, ces projets bénéficient de l’expérience des opérateurs impliqués, ce qui pourrait soutenir leur succès dans un marché en forte demande. Alors que les conditions globales du marché énergétique évoluent, le développement de ces infrastructures pourrait repositionner les deux pays en tant que fournisseurs clés pour les prochaines décennies.