La capitale du Tigré, Mekele, a été reconnectée au réseau électrique national, après plus d’un an de coupure en raison de la guerre dans cette région du nord de l’Ethiopie, annonce la compagnie nationale d’électricité.
Cette déclaration intervient un peu plus d’un mois après la signature d’un accord de paix, le 2 novembre, entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens, destiné à mettre fin à deux ans d’un conflit dévastateur.
“Le centre de contrôle d’électricité de la ville de Mekele, qui avait été déconnecté du réseau électrique national pendant plus d’un an en raison de la guerre dans le nord de l’Éthiopie, a été reconnecté”, a annoncé dans un communiqué la compagnie nationale Electricité d’Ethiopie.“La ligne a été connectée au réseau électrique national après la fin des travaux de réparation”, a-t-elle précisé.
Les accès et les communications dans une partie du nord de l’Ethiopie, dont le Tigré, étant restreints ou interdits, il est impossible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain. Les responsables tigréens n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour réagir à cette annonce.
Région la plus septentrionale d’Ethiopie qui abrite six millions d’habitants, le Tigré vit quasiment coupé du monde depuis le début d’un conflit entre le gouvernement fédéral dirigée par le Premier ministre Abiy Ahmed et les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Elle est privée depuis plus d’un an de nombreux services de base (électricité, télécommunications, banques, carburant…).
Retrait rebelle
Les combats ont débuté en novembre 2020, quand Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale arrêter les dirigeants de la région qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales.
Gouvernement et rebelles ont signé le 2 novembre à Pretoria un accord prévoyant notamment une cessation des hostilités, le retrait et le désarmement des forces tigréennes, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et la réouverture des accès à cette région plongée dans une situation humanitaire catastrophique.
Lors d’une session de questions-réponses avec les députés le 15 novembre, le Premier ministre Abiy Ahmed avait affirmé que les autorités avaient commencé à rétablir télécommunications et électricité dans certaines zones touchées par le conflit.
Les dispositions de l’accord – dans lequel ne figure pas explicitement la restauration de l’électricité et des télécommunications – entrent progressivement en application. Les combats se sont arrêtés. Les rebelles ont affirmé samedi avoir “désengagé” 65% de leurs combattants des lignes de front et “commencé à collecter (leurs) armes lourdes et à les rassembler en un endroit”.
“En termes d’application de l’accord, nous avons fait un pas en avant”, a estimé samedi le commandant des forces tigréennes Tadesse Worede.
Les rebelles s’indignent toutefois de la présence persistante de l’armée érythréenne et de forces de sécurité et milices de la région éthiopienne de l’Amhara, qui ont épaulé l’armée fédérale dans le conflit.
Les autorités tigréennes ont régulièrement dénoncé ces dernières semaines des exactions sur les civils commises au Tigré notamment par les troupes de l’Erythrée, dont les autorités n’ont pas participé aux négociations de Pretoria, ainsi que par les forces amhara.
Accès encore entravé:
Le bilan de ce conflit jalonné d’exactions, qui s’est déroulé largement à huis clos, est inconnu. Le think tank International Crisis Group et l’ONG Amnesty international le décrivent comme “un des plus meurtriers au monde”.
La guerre a aussi déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU. Sur le volet humanitaire, les opérations se sont amplifiées dans le nord de l’Ethiopie depuis l’accord de Pretoria, mais l’aide acheminée reste très inférieure aux besoins.
Les accès à certaines zones de l’est et du centre du Tigré restent restreints, avait souligné le Programme alimentaire de l’ONU le 25 novembre.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), les deux ans de conflit ont rendu plus de 13,6 millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire dans le nord de l’Ethiopie (5,4 millions au Tigré, 7 millions en Amhara et 1,2 million en Afar).