Les ministres de l’Énergie de Grèce, de Roumanie et de Bulgarie ont décidé de prendre des mesures concertées face aux défaillances du marché unique de l’électricité en Europe du Sud-Est. Ces pays, bien que reliés aux réseaux électriques centraux européens, subissent des hausses de prix régulières dues à un manque de capacité de transmission et à une demande accrue durant les périodes estivales. Cette situation met en évidence les limites de l’intégration énergétique telle qu’elle est actuellement conçue par l’Union européenne (UE).
Theodore Skylakakis, ministre grec de l’Énergie, affirme que le modèle de marché unifié de l’UE n’est pas adapté aux réalités de la région. Il annonce que la Grèce, avec la Roumanie et la Bulgarie, travaille sur un plan pour établir un mécanisme d’intervention permanent. Ce mécanisme se déclencherait automatiquement en cas de prix extrêmes, lorsque l’approvisionnement des réseaux d’Europe centrale vers le Sud-Est est insuffisant pour répondre à la demande.
Défis des infrastructures de transmission
Les interconnexions électriques en Europe du Sud-Est sont insuffisantes pour transporter efficacement l’énergie des grands marchés européens vers cette région. Cette faiblesse structurelle crée des déséquilibres de prix qui impactent directement les entreprises et les consommateurs. Bien que ces pays aient considérablement investi dans les énergies renouvelables pour réduire leur dépendance aux importations d’énergies fossiles, cela ne compense pas le manque de capacité de transmission et l’inefficacité des marchés régionaux.
La Grèce, par exemple, malgré une part importante de son électricité provenant de parcs solaires et éoliens, subit une volatilité des prix en raison de sa connexion limitée avec les autres marchés européens. La dépendance aux interconnexions actuelles et aux conditions climatiques favorables met en lumière les défis de l’intégration énergétique régionale.
Positionnement stratégique et implications politiques
Cette initiative tripartite pourrait non seulement stabiliser les prix dans la région, mais aussi représenter un précédent pour d’autres États membres de l’UE qui cherchent à répondre aux défaillances du marché unique. En effet, en proposant une solution régionale, la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie envoient un message fort aux décideurs européens sur la nécessité d’une approche plus flexible et adaptée aux réalités locales.
Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec, prévoit d’adresser cette semaine une lettre à la Commission européenne pour souligner l’importance de réformer le cadre actuel du marché de l’électricité. Cette démarche politique s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la résilience énergétique de la région et à réduire les impacts économiques des fluctuations de prix. La Grèce a déjà prolongé une taxe sur les profits exceptionnels des entreprises énergétiques pour soutenir les consommateurs, une mesure qui reste temporaire en l’absence d’une solution structurelle au niveau européen.