Le GNL turque en Mer Noire devrait bientôt être exploité par des majors américaines, selon une source anonyme turque. En effet, le gouvernement turque a communiqué à certaines entreprises des informations sur la découverte d’un gisement dans cette zone. Ces échanges pourraient être l’occasion d’un rapprochement entre la Turquie et les Etats-Unis.
GNL turc : Une découverte historique
La Turquie a partagé les données de sa découverte en mer Noire avec les groupes américains Chevron et Exxon Mobil. Le pays a annoncé la plus grande découverte de GNL de son histoire et l’une des plus importantes au monde. Situé dans la Mer Noire, le gisement est une opportunité pour l’indépendance énergétique de la Turquie.
Ankara a jusqu’à présent insisté sur le fait qu’elle développerait seule ce gisement, disposant de 540 milliards de mètres cubes. Le président Turc Tayyip Erdogan a déjà augmenté à deux reprises l’estimation de la quantité de gaz découverte. La semaine dernière, celui-ci déclarait que 135 milliards de m3 supplémentaires se trouvaient dans le champ de Sakarya.
Un gisement, source de tensions
La Turquie prévoit de commencer à pomper le gaz du champ situé au sud-ouest de la mer Noire en 2023. Cependant, elle doit d’abord construire le réseau de gazoducs offshore et les installations de traitement. Au final, le champ devrait atteindre un pic de production soutenu à partir de 2027.
L’exploration turque en Méditerranée a suscité des tensions avec l’Union européenne et les États-Unis au sujet des droits offshore. Le nœud des tensions concerne les frontières maritimes des Zones Economiques Exclusives (ZEE), et notamment celles avec la Grèce. L’appétit énergétique de la Turquie a ainsi refroidi les relations entre elle et l’Europe.
GNL turc : Un facteur de détente avec les Américains
L’enjeu, au-delà des ressources énergétiques, est aussi diplomatique. Une collaboration officielle avec des sociétés américaines marquerait un changement en mer Noire, où la Russie a des revendications. Le Président Erdogan doit rencontrer lundi 14 juin son homologue américain Joe Biden pour la première fois depuis son élection.
La découverte pourrait transformer la dépendance énergétique de la Turquie envers des pays comme la Russie, l’Iran ou l’Azerbaïdjan. A terme, la coopération énergétique pourrait même contribuer à atténuer les dissensions entre les alliés de l’OTAN. Notamment en ce qui concerne l’achat par la Turquie de missiles russes.
Un changement de cap inhabituel
Quoi qu’il en soit, la nouvelle marque un tournant pour la Turquie et son ouverture vers les autres nations. La source, un fonctionnaire turc s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a déclaré :
« Le gouvernement s’est montré froid à l’égard de l’intérêt des entreprises étrangères pour la découverte de gaz dévoilée en août. Mais maintenant, Exxon Mobil et Chevron ont rencontré Turkish Petroleum et ont reçu des données concernant la découverte ».
Une nécessité pour Turkish Petroleum
Les deux géants américains Chevron et Exxon Mobil n’ont, de leur côté, pas souhaité commenter cette décision. Si la Turquie reste aussi silencieuse, le chercheur John Bowlus résume facilement les motivations qui ont poussé au changement :
« Turkish Petroleum doit rejoindre un consortium pour développer son champ d’action, notamment pour des raisons techniques et financières. De son côté, la géopolitique est un facteur majeur dans le choix de la compagnie. »
L’exploration gazière en Turquie continue ainsi à attirer les convoitises, et le gouvernement a choisi de collaborer. L’impact du GNL Turc sur la géopolitique et la diplomatie énergétique pourrait bouleverser l’avancement de la transition énergétique.