Après plusieurs années où les prix du GNL étaient bas au point d’annuler certaines cargaisons afin d’équilibrer l’offre, les prix du GNL se dirigent vers des prix records. Il est évident que l’invasion russe en Ukraine a contribué à l’augmentation des importations en GNL notamment en Europe.
Ce phénomène n’est pas forcément profitable aux importateurs asiatiques qui cherchent de nouveaux contrats dans un contexte de prix élevés. Leur objectif est d’assurer une transition énergétique stable et, par conséquent, de s’émanciper de leur dépendance au pétrole.
Les importateurs cherchent ainsi à fixer les prix du GNL à long terme avant que ces derniers ne connaissent une nouvelle augmentation.
Un marché en faveur des exportateurs de GNL
L’objectif de l’Europe d’émancipation à l’égard du gaz russe et la volonté des économies asiatiques de se tourner vers le GNL ont ainsi favorisé le pouvoir des fournisseurs.
Les principaux exportateurs se retrouvent ainsi en bonne posture et affirment que « si les acheteurs asiatiques ne fixent pas les volumes dans les prochains mois pour l’approvisionnement après 2025, ils seront perdants face à l’Europe. »
L’Europe cherche à sécuriser en urgence ses chaînes d’approvisionnement alors que les économies asiatiques sont dans l’optique d’adoption du GNL à moyen et long terme.
Les projets de GNL américain et notamment ceux liés au Henry Hub sont ceux qui ont signé le plus de contrats avec des acheteurs asiatiques. L’objectif est de rester dans une position favorable contrairement à d’autres pays fournisseurs, tel que le Qatar, qui font pression afin de vendre le GNL à des prix élevés. Cela engendre une tension sur le marché du GNL ce qui n’est pas profitable aux importateurs asiatiques.
Un dilemme
Les pays importateurs de GNL ont des objectifs différents, créant ainsi un dilemme au niveau des contrats.
Les contrats d’importations japonais principalement en provenance de Russie arrivent à expiration. Les Japonais cherchent à s’émanciper de la Russie à cet égard et cherchent donc de nouveaux fournisseurs.
La Chine, quant à elle assure ses importations sur le marché spot et stimule la demande afin de faire fonctionner ses nouveaux terminaux de GNL.
Les entreprises indiennes ont besoin d’un prix du gaz abordable sur le marché à terme afin de remplacer les importations spot.
L’Europe est douteuse quant à la conclusion de contrats d’achat ferme sur le long terme. Elle cherche à s’émanciper du gaz russe à court terme mais garde dans la ligne de mire son passage aux énergies renouvelables. L’Europe est ainsi confrontée à des objectifs qui s’étalent sur une temporalité différente, expliquant son hésitation quant à la conclusion de contrats.
En parallèle, les entreprises d’Asie du Sud Est cherchent à rentrer sur le marché du gaz pour la première fois. Les prix élevés ne leur sont ainsi pas profitables mais elles doivent se positionner pour ne pas être perdantes face à l’Europe. L’entrée sur le marché du gaz est aussi une condition nécessaire pour que ces entreprises puissent assurer leur transition énergétique.
Les importateurs asiatiques se retrouvent ainsi dans une position délicate. Doivent-ils attendre la baisse des prix pour conclure des contrats au risque d’être en position défavorable vis-à-vis de l’Europe ?
Maintenir les prix du GNL bas
La transition énergétique va créer une nouvelle demande en matière de GNL. Il est donc essentiel de maintenir des prix bas pour permettre aux États de garantir leur décarbonation.
Face à cette future augmentation de la demande et dans l’objectif de maintenir des prix bas, il est donc crucial que l’offre puisse soutenir la demande. Les dirigeants ont admis qu’ils ne savaient pas combien de temps le marché resterait en faveur des exportateurs. Cela explique en partie leurs hésitations quant à la conclusion de contrats.
Les dirigeants ont cependant affirmé la nécessité de maintenir des prix bas. Cela permettra d’assurer le rôle du gaz dans la décarbonation de leurs économies.
L’augmentation de la production, des investissements et des projets de GNL font cependant penser qu’une baisse des prix spot est à prévoir. Cela est renforcé par la transition énergétique, devenue un objectif primordial pour les États.