La flambée record des prix sur le marché de gros du gaz naturel en Europe en mars a provoqué une réponse des sources d’approvisionnement mondiales de GNL que la région n’avait jamais vue auparavant, selon une analyse des données de S&P Global Commodity Insights.
Le GNL profite de la hausse des prix du gaz en Europe
La guerre en Ukraine et la diversification de l’approvisionnement ont fait grimper les prix du gaz de mars. De plus, le mois d’avril a vu l’approvisionnement de toutes les parties du monde s’intensifier. Ainsi, l’Europe a reçu le volume le plus élevé jamais enregistré en un seul mois, mais à un prix élevé.
Les importations physiques cumulées de GNL en Europe et en Turquie ont atteint 11,591 millions de tonnes en avril (15,995 milliards de mètres cubes de gaz). Sur l’ensemble des hubs de marché évalués par S&P Global, le total était de 10,296 millions de tonnes de GNL (14,209 milliards de m3 de gaz).
Ce dernier chiffre représente la septième augmentation consécutive des importations mensuelles en glissement annuel. Par ailleurs, les recettes d’avril sont supérieures de 47,7 % en glissement annuel (19,9 % en glissement mensuel).
Les États-Unis et le Qatar ont augmenté leurs exportations de GNL vers l’Europe. L’approvisionnement du reste du monde en dehors des cinq principaux exportateurs vers l’Europe était à son plus haut niveau depuis décembre 2019. Il est enregistré à 2,067 Gm3 d’équivalent gaz.
Les États-Unis ont expédié 9,022 Gm3 à l’échelle mondiale en avril. Ce qui représente une baisse globale dans un contexte de contraction de la demande induite par les prix en Asie. Cependant, ils enregistrent la plus forte proportion jamais livrée à l’Europe, à savoir 78,3 %, dont 67,1 % du total global allant aux hubs évalués par S&P Global. Les terminaux de gazéification non évalués comprennent la Pologne, la Turquie, le Portugal, la Lituanie, la Croatie et la Grèce.
Les expéditions qataries se sont élevées à 9,132 milliards de m3, dont 28 % vers l’Europe et 25 % vers les plates-formes évaluées par S&P Global. L’approvisionnement contractuel de la Pologne comble la différence entre les deux.
Contexte des prix mondiaux
Il est désormais reconnu que la nature des prix est mondiale. Les prix du gaz régional ont atteint des niveaux records en mars, en prévision des livraisons d’avril. Ceci alors que les contrats à terme du Henry Hub se négocient désormais à des niveaux élevés sur plusieurs années pour le reste de l’été.
L’Europe a été une destination de choix pour les cargaisons. Ainsi, le NBP britannique et le TTF néerlandais ont une prime de plus de 4 $/MMBtu par rapport aux prix spot asiatiques du GNL, avec des moyennes mensuelles respectives de 40,568 $/MMBtu et 41,644 $/MWh.
Par ailleurs, les analystes s’accordent régulièrement à dire qu’un prix supérieur à 38 $/MBtu pour une livraison en Asie devient intolérable pour certains acheteurs. La chute des exportations américaines au niveau mondial en avril et la faible proportion de ces exportations qui a atteint l’Asie, semblent le confirmer.
Une partie de la pression s’est dissipée sur le marché. Ceci en raison de la réponse subséquente des exportateurs mondiaux de GNL pour répondre à la demande européenne. Les prix moyens pour le mois de mai ont atteint 32,956 $/MMBtu. La moyenne mensuelle TTF pour le mois de mai n’était pas loin derrière, à 31,926 $/MBtu, selon le processus MOC. Alors que le NBP a considérablement baissé à 24,76 $/MBtu.
Par conséquent, les marchés de gros continentaux restent compétitifs par rapport à l’Asie. Cependant, le Royaume-Uni a connu une baisse marquée des gazéifications de GNL depuis le début du mois de mai, bien qu’il dispose d’une importante capacité.
Dynamique des importations
Une prime aussi forte pour l’Europe continentale a entraîné de nouveaux records mensuels d’importation pour la France (3,635 milliards de m3), l’Espagne (3,127 milliards de m3) et les Pays-Bas (1,364 milliard de m3) en avril. Les livraisons britanniques restent sous les records historiques à 3,21 milliards de m3.
Cependant, les prix des plateformes françaises et espagnoles ont également chuté bien en deçà du TTF. Ceci en raison de l’insuffisance des capacités de transport ultérieur, s’établissant respectivement à 28,37 $/MMBtu et 27,849 $/MMBtu en moyenne pour la livraison de mai. Cette forte décote pourrait rapidement inverser l’excédent actuel.
Un négociant de gaz français déclare :
« Concernant les flux de GNL, ils semblent assez soutenus jusqu’au début de l’été compte tenu du spread avec JKM. Ils pourraient baisser rapidement avec la fin des lock-downs chinois et la saison chaude en Asie. Ils sont critiques, surtout si les flux russes continuent de diminuer. »
La France a reçu son plus grand nombre de cargaisons américaines en avril. D’autre part, l’Espagne a importé des cargaisons provenant de la Corée du Sud. Elle a également accueilli une cargaison en provenance du Cameroun et un chargement en provenance de Grèce.
Les exportations russes vers l’Europe totalisent 2,216 milliards de m3 en avril à partir de l’installation de GNL de Yamal. Ces expéditions visent principalement le port belge de Zeebrugge. C’est dans ce dernier que la majorité des 285 millions de m3 de recharges mondiales de l’Europe ont été entrepris.